Scénario de Graziano et Massimiliano Lanzidei, d’après l’œuvre de Antonio Pennachi, dessin de Mirka Ruggeri, éditions Steinkis, 2017, 20 euros.
Éditée par une maison d’édition indépendante dont la ligne de conduite est une citation d’Isaac Newton que nous pouvons pleinement partager, « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts », cette BD est l’adaptation d’un célèbre roman italien du même nom1 lauréat du prix Strega 2010 (l’équivalent italien du Goncourt). Écrit par un ancien ouvrier, est ici raconté plus d’un demi-siècle d’une famille italienne, les Peruzzi : dix-sept frères et sœurs d’une grande famille de paysans sans terre qui (sur)vit comme métayers. Au départ influencés par la poussée du mouvement ouvrier socialiste, une connaissance met sur leur route un dénommé Benito Mussolini... À partir de là, tout comme leurs vies et leurs itinéraires, le rouge tourne au noir, comme les chemises des fascistes que rejoignent les frères.
Guerres coloniales, Première et Seconde Guerres mondiales... les Peruzzi sont entraînés dans la fuite en avant fasciste, que seul motive l’espoir de devenir enfin propriétaire dans les marais Pontins, au sud de Rome. Émaillé d’anecdotes sur le basculement d’une partie du mouvement ouvrier et paysan pauvre dans l’Italie fasciste, le récit reste à hauteur d’hommes, et de femmes, telles ces grandes fresques auxquelles la littérature et le cinéma italien nous ont habitués.
Adapter une telle œuvre reste un exercice difficile et l’on peut parfois se perdre un peu parmi les différents personnages, mais le trait est à la fois simple et précis, renforcé par une mise en couleur agréable. Un bel essai, pas totalement réussi mais intéressant.
Manu Bichindaritz
- 1. Disponible en Livre de poche, 2013, 8,10 euros