Julien Blondel, Didier Poli, Robin Recht, Jean BastideCollection Grafica, Glénat, 2013, 14,95 euros.
Dans un monde décadent dominé par un peuple, les Melnibonéens, auquel les sentiments élémentaires de pitié et de simple humanité sont totalement étrangers, un souverain affaibli se trouve confronté à des manœuvres visant à lui faire perdre son trône. Ce volume ouvre la nouvelle adaptation du cycle d’Elric. La préface rédigée pour l’occasion par Moorcock, l’auteur des romans, tout en rendant hommage aux grandes qualités graphiques de l’ouvrage, est intéressante également parce qu’il remet lui-même en perspective son travail et éclaire ses intentions dans les années 1960 – avec la décadence gothique de l’empire de Melniboné, montrer les flots de sang et de souffrance sur lesquels s’est construit le grand empire britannique : « La bande dessinée attaqua, passa les institutions sociales au crible de fond en comble, tout en s’adressant au grand public […] Je suis venu à la science fantasy parce que j’appréciais la manière dont le genre pouvait être utilisé pour questionner le monde dans lequel je vivais et remettre en cause l’autorité ».
Henri Clément