La Fiancée, éditions du Soleil, 96 pages, 19,99 euros ; Madeleine, résistante (1- La rose dégoupillée), Dupuis, 128 pages, 23,50 euros.
Voilà deux bandes dessinées qui racontent l’engagement militant et courageux de deux jeunes femmes contre l’occupant nazi en France dans les années 1939-1944. Les deux ouvrages sont parus récemment, entre août et octobre 2021. Deux livres que nous avons reçus en cadeau pour les fêtes et que nous avons beaucoup appréciés. Dans les deux livres, ce sont les femmes résistantes, qui ont survécu, aujourd’hui elles sont mêmes âgées, qui témoignent de leur propre histoire.
AdolescentEs résistantEs
Dans la Fiancée, Odette, 17 ans, fille de militant, raconte comment des jeunes, encore adolescentEs, ont voulu contester l’occupation nazie et le pouvoir de Vichy, par des slogans sur les murs, des tracts, des cahiers de doléances, par l’organisation de rassemblements. Tout était à haut risque évidemment. D’ailleurs, c’est à l’occasion d’un rendez-vous collectif, même pas eu le temps de manifester, qu’elle se fait rafler avec un groupe de militantEs. Interrogés par la police, enfermés, jugés de manière expéditive et condamnés à mort. Finalement, à part quelques jeunes qui seront effectivement exécutés, Odette et d’autres s’en sortent, ils resteront en prison pendant des mois, voire des années.
Après des semaines à la prison de la Roquette, racontant la lutte quotidienne des femmes pour leurs conditions de vie en prison et leur dignité, le parcours d’Odette sera le transfert vers la prison de Châteaubriant. C’est là que les femmes résistantes vont côtoyer d’autres résistants arrêtés, militants communistes et syndicalistes. Et c’est là qu’Odette va faire la connaissance de Guy Môquet, jeune de 17 ans aussi. Elle nous raconte un tout début d’histoire d’amour, avec émotion, jusqu’au jour où 27 prisonniers seront exécutés en représailles d’un officier nazi tué dans un attentat. Il est question de la lettre de Guy, celle adressée à Odette, nous en avons même la reproduction à la fin du livre. C’est particulièrement touchant.
Madeleine Riffaud, de l’enfance à l’adolescence
Madeleine, résistante, est le premier tome paru racontant la vie de la résistante Madeleine Riffaud (qui est une des auteurEs). Ça commence avec des images d’enfance dans les années 1930 dans la Somme, puis avec la débâcle de mai-juin 1940, les familles qui partent en exil, fuyant les bombardements, puis en mai 1941, avec les conditions de vie difficiles sous l’occupation et Vichy, les restrictions et la maladie. Madeleine, 16 ans, est atteinte d’une forme de tuberculose et doit se faire soigner dans un sanatorium du côté de Grenoble, dans la montagne et la neige, lequel fut aussi un « vivier d’intellectuels résistants ». Madeleine va alors commencer à se soigner, elle va se retrouver avec des jeunes en faisant la connaissance de résistants, et aussi tomber amoureuse.
Après un peu plus de 100 pages, Madeleine sort du sanatorium, rejoint la banlieue parisienne, revoit son oncle démoralisé, qui a participé à la guerre à Barcelone avec les républicains et les anarchistes contre les fascistes, puis à Paris, pour entrer en contact avec des responsables de la résistance, elle comprend qu’elle rentre dans le monde de la clandestinité, ce sera le début des « aventures » dangereuses. On le sait, elle y a survécu tout comme Odette.
Ces deux histoires sont bien racontées, très bien illustrées, les dessins jolis et agréables, les témoignages très touchants. La lutte antifasciste des années 1940 sonne peut-être un peu bizarrement ces temps-ci, avec un sentiment d’être toujours un peu plus concernés.