Éditions Les liens qui libèrent, 272 pages, 19 euros.
Cédric Herrou raconte cinq années d’une lutte politique et judiciaire pour la défense des droits des migrantEs qui a connu son dernier épisode, le 31 mars dernier avec la confirmation de sa relaxe définitive par la Cour de cassation. Mais avant cela, il aura connu 11 gardes à vue, cinq perquisitions de sa ferme, une surveillance permanente par une cinquantaines de gendarmes pendant plusieurs mois et cinq procès… sans compter les insultes et les menaces de mort. Un acharnement haineux des autorités, préfecture, police des frontières, comme des politiciens locaux de droite extrême contre cet agriculteur du fin fond de la vallée de la Roya.
« Droit à la solidarité »
Cédric Herrou, comme bien d’autres habitantEs de cette vallée enclavée dans le territoire italien, s’est retrouvé confronté à la violence aveugle et raciste de l’État contre les migrantEs quand le gouvernement Hollande a décidé de fermer la frontière franco-italienne en juin 2015, en pleine crise des migrantEs. La vallée de la Roya est devenue l’un des seuls mais difficiles et dangereux chemins pour les migrantEs voulant demander l’asile en France. Mais, ne respectant pas ses propres lois pourtant déjà bien restrictives, l’État a bafoué les droits les plus élémentaires de ces migrantEs, mettant toutes les entraves possibles pour les empêcher de déposer leur demande d’asile et reconduisant à la frontière des mineurEs isoléEs au lieu de les prendre en charge.
Face à leur afflux, à leur détresse, certainEs habitantEs de la Roya les ont aidés en les hébergeant, les nourrissant, leur permettant de se reposer un peu, voire en les accompagnant dans leurs démarches administratives.
C’est ce que l’État n’a pas accepté. Non seulement il a renforcé l’odieuse et insupportable chasse aux migrantEs mais s’en est pris aussi aux habitantEs solidaires, multipliant les contrôles policiers, les intimidations, les arrestations, les inculpations, les accusant d’être des passeurs.
Cédric Herrou raconte comment, avec le réseaux associatif de soutien aux migrantEs, ils ont fait le choix, au-delà de la reconnaissance du « droit à la solidarité », de rendre l’affaire publique, d’en faire un combat politique médiatisé pour dénoncer l’attitude irresponsable de la préfecture et de la police sans craindre de se retrouver pour cela devant la justice…
Un combat victorieux sur le plan judiciaire mais qui n’empêche pas l’État de continuer à bafouer ses propres lois et les droits des migrantEs comme dernièrement avec l’expulsion de la « zone libre » de Cenon (33).