Film costaricain, durée 1 h 32 min, sortie le 15 février 2023.
Domingo est ce vieil homme qui marche sur le chemin de la campagne costaricaine. Il nous introduit, en quelques pas, au cœur de l’histoire dans laquelle il nous entraîne.
Ces quelques moments de marche laborieuse, un bidon dans chaque main, nous présentent, en le traversant, le cadre dans lequel se meuvent les personnages, le paysage, la toile de fond. Comme venue d’ailleurs, la bande son, à laquelle on ne prête d’abord que peu d’attention, nous dévoile le fond du conflit qui se joue là, via un dialogue dont on ne distingue pas, de prime abord, avant de les deviner puis de les distinguer tout à fait, les protagonistes.
« Une fois, je vais bien vous l’expliquer...
...ou alors on le fera à la manière forte ! » C’est qu’ils y tiennent, à ces terres qu’ils doivent acheter. D’emblée on les croit capables de tout pour parvenir à leurs fins. C’est le progrès. Il faut bien la faire passer, cette autoroute, tout le monde y trouvera son compte.
Avec Domingo (Carlos Ureña , magnifique), on rencontre les unEs après les autres celles et ceux dont on comprend à la fois qu’ils et elles sont hostiles à ce que nous appellerions un grand projet inutile imposé... et qu’ils et elles vont céder aux pressions des hommes du projet.
C’est qu’ils et elles ne font pas le poids, en proie au découragement, à la résignation, voire au désespoir. Les promoteurs du projet sauront mettre tous les atouts de leur côté... jusqu’à la sourde menace que laisse planer la moto qui sillonne le secteur, montée par de jeunes hommes de main manifestement prêts à en découdre.
Mais Domingo et la brume...
Mais il ne fait aucun doute que Domingo ne cédera pas. Le vieil homme, ce très beau vieil homme, hirsute, la barbe et les cheveux gris en bataille, perdu dans son grand ciré jaune, nimbé de brume mystérieuse, que l’on suit dans la visite qu’il rend à ses amis et à sa fille, se ravitaillant au passage pour ne pas manquer d’alcool, semble armé d’une détermination sourde et silencieuse (et d’une carabine). Il résistera à la défection des uns et des autres, et avec sa vache pour seule compagne, il ira au bout, il ne peut pas faire autrement, parce qu’il a de puissantes raisons dont seule sa fille, qui pourtant n’y croit pas vraiment, peut avoir une idée.