Actes Sud, 2014, 19 eurosTout au long d’une série d’entretiens avec la militante écoféministe indienne, ce livre retrace son parcours – de la physique quantique à l’écoféminisme ! –, ses principaux combats et engagements.
La question de la souveraineté alimentaire est au centre de sa démarche, contre la mainmise des grandes firmes capitalistes de l’agroalimentaire, de la distribution et des semences. Elle dresse un bilan sans appel des « révolutions vertes » et prend parti pour une agriculture biologique de petites fermes, pour la santé des paysans et de toute la population au nord comme au sud, dans une démarche résolument internationaliste. À travers de multiples exemples, du coton à l’aubergine, du riz au soja, elle dénonce les ravages causés par les firmes semencières qui ont imposé les OGM et plus globalement le brevetage du vivant. Pour des raisons à la fois sociales – suicides de nombreux petits paysans ruinés – et écologiques – disparition de nombreuses variétés, multiplication des traitements chimiques... –, elle plaide pour la « liberté des semences » et explique sa mise en œuvre dans plus de 120 « banques de semences paysannes ».
Dans toutes ces luttes, elle met l’accent sur la place trop souvent ignorée des femmes. Si ses propos dégagent un certain essentialisme autour de « qualités féminines » qui ne peut que nous heurter, force est de constater que celui-ci ne débouche jamais sur un enfermement des femmes et que sa dénonciation de « l’union du patriarcat et du capitalisme » sonne extrêmement juste.Les trois piliers de son engagement : « combat pour la vérité » qui pourrait se traduire par le devoir de désobéissance aux lois injustes, autosuffisance et autodétermination, empruntent des mots qui ne sont pas nécessairement les nôtres, mais expriment un combat où anticapitalisme, antiproductivisme, internationalisme et féminisme sont intimement mêlés. Un combat incontestablement proche du nôtre.Christine Poupin