Le 45e Festival international de la bande dessinée a été un vrai succès populaire concernant l’ensemble des expositions et des rencontres, avec une affluence record pour les animations familiales du dimanche.
Le public, les organisateurs et les éditeurs ne pouvaient que se réjouir. Certes, le Grand Prix, une nouvelle fois, n’a pas été décerné à une lauréate. Mais le palmarès 2018 (les Fauves) a consacré un nombre significatif d’auteures : Marion Fayolle, Marion Montaigne, Elsa Abderrahmani et Juliette Mancini. Surtout, la programmation 2018 a prouvé que qualité et diversité n’effrayaient pas le public, bien au contraire.
Le 9e art exploré à l’échelle planétaire
Du Monde selon Titeuf à la Quête de l’épure de Cosey, en marchant Sur les pas de Casanova pour mieux rencontrer l’œuvre d’Emmanuel Guibert ou se souvenir du grand Jacques Martin (Alix, Lefranc), la foule ne savait où donner de la tête tandis que Gilles Rochier nous invitait à « tenir le terrain ». En fait, de la BD arabe aux expositions sur les mangakas Tezuka, Urasawa1 et Mashima, le 45e festival d’Angoulême a exploré le 9e art à l’échelle planétaire et explosé les cadres lors du concert de Rokia Traoré dessiné en « live » par Ruben Pellejero au théâtre d’Angoulême.
Cerise sur le gâteau, les festivalierEs pouvaient découvrir à la gare, dans les jardins, rues et places d’Angoulême, de bizarres panneaux électoraux qui n’appelaient pas à voter mais à subvertir la société dans l’esprit de mai 1968. Pour ne pas être en reste avec leurs affiches, un grand nombre d’auteurEs réunis dans le Collectif des auteurs et artistes (CAA) est d’ailleurs venu manifester, samedi soir, avant la cérémonie des « Fauves » (remise des récompenses par album) contre la précarité de la profession où 53 % des auteurEs gagnent moins et parfois beaucoup moins que le SMIC. Ils ont reçu tout notre soutien !
Enfin, suite à la nomination de -Richard Corben comme Grand Prix 2018 à l’ouverture du festival, le comité d’organisation a déjà décidé d’orienter la programmation 2019 vers la bande dessinée étatsunienne. Donald Trump n’a plus qu’à bien se tenir tellement ça va souffler !
Sylvain Chardon
- 1. L’exposition « L’Art de Naoki Urasawa » sera présentée à l’Hôtel de Ville de Paris du 13 février au 31 mars.