Éditions La Déferlante, 2023, 106 pages, 15 euros.
«Je ne suis déjà plus celle que j’étais, mais pas encore celui que je veux devenir ». La Fin des monstres est le premier ouvrage publié par la toute nouvelle maison d’éditions La Déferlante. L’Anticapitaliste a présenté la revue1, c’est tout naturellement que nous recensons dans nos colonnes le nouvel ouvrage de Tal Madesta.
S’oublier ; sauter ; piquer ; s’armer ; douter ; se battre ; disparaître ; s’inventer ; vivre ; aimer... Comme autant de stations sur le chemin de la transition de genre, les titres donnés aux chapitres de son ouvrage scandent le discours de Tal Madesta. Il finira par aimer ! N’est-ce pas là, pour lui, pour toi, pour moi, pour toutes et tous, ce à quoi on aspire ?
Mais avant d’en arriver là, la route est longue, difficile, exigeante, qui en laisse plus d’unE sur le bord, qui peut conduire au renoncement, à la dépression, à la mort. S’enfoncer en soi pour aller vers le monde, traverser les ténèbres pour surgir en pleine lumière, affronter l’autre — en soi, chez ses contemporains — en finir avec les monstres pour s’assumer et s’imposer à la vue de touTEs !
S’inventer ; vivre ; aimer...
Est-il question d’autre chose que de s’émanciper ? La transition, semée d’embûches, de douleur, expose au regard du corps social, en ce qu’il recèle de conservatisme collectif et individuel, expose ce corps incertain que l’on ne connaît pas, dont l’on ne peut que douter, qu’il est nécessaire d’inventer, de construire en société, expose un corps nouveau qui devra bien finir par porter en étendard l’être qui sera et qui saura rencontrer l’autre, l’aimer et recevoir en retour un amour égal.
Rien de tout cela ne sera donné mais le récit de Tal Madesta — qui en cela prolonge son ouvrage précédent, Désirer à tout prix2 — trace la voie d’un épanouissement personnel situé en dehors, au-delà même des institutions sociales enfermantes et oppressantes de la famille traditionnelle hétéronormée, dans une autre dynamique que celle de leur copie ou de leur reproduction.
Comme si la douleur qui balise le chemin générait autant de force pour en ressortir libre.