Quelques beaux « produits culturels » à retrouver — et à commander — sur le site de La Brèche...DVD : Free Angela de Shola Lynch, Jour 2 Fête, 2013, 20 euros.
Comment une jeune femme noire, féministe, de formation libertaire, acquise à la lutte radicale des NoirEs dans une perspective marxiste révolutionnaire, a t-elle pu rejoindre le Parti communiste américain, l’un des plus alignés sur le stalinisme russe avec ce que cela comporte d’obscurantisme et de bêtise ? Malheureusement nous ne le saurons pas, car le DVD s’arrête au début des années 70.
Ceci dit, ce qu’on voit est enthousiasmant et montre comment le Black Panther Party a pu incarner une autre politique et défier, y compris les armes à la main et souvent avec succès, les forces policières de ce pays.
Livre : Pourquoi les pauvres votent à droite de Thomas Frank, Agone, 2013, 13 euros.
« Vous votez pour supprimer l’avortement ; vous obtenez la suppression de l’impôt sur le capital… Vous votez pour la poigne de fer contre les terroristes et vous obtenez la privatisation des retraites ». Journaliste et rédacteur au Monde diplomatique, natif du Kansas terre ouvrière et de gauche s’il en est aux USA, l’auteur s’interroge : comment son État, traditionnellement démocrate, a-t-il pu basculer à droite ? Comment les « masses » peuvent-elles se tromper de colère et ou être à ce point manipulées ? Ce voyage chez les red necks, dans l’Amérique profonde, vaut vraiment le détour par sa truculence… même si nous, nous apporterions à ces interrogations une réponse un peu moins psychologisante et certainement plus politique. À l’évidence la leçon vaut pour l’Europe… et particulièrement pour la France où les populismes se portent à merveille.
Livre : Le petit livre noir des grands projets inutiles de Camille, Le Passager clandestin, 2013, 7 euros.
De Notre-Dame-des-Landes, Bure, Flamanville, jusqu’à Gonesse, Gap, Creys-Malville, en passant par Lyon, Rouen, Toulouse, la Picardie ou le Morvan ; du prolongement de la Francilienne au projet Ramery des 1 000 vaches ou à la tour Triangle de Delanöe... L’ouvrage détaille les enjeux d’une vingtaine de ces projets retardés, maintenus
ou abandonnés, décidés sans la moindre consultation citoyenne et souvent en grande partie financés par l’argent public dans le cadre
de partenariat public privé qui socialisent risques et coûts mais n’enrichissent que les Eiffage, Vinci and co. Les auteurs recensent les mobilisations et ZAD (« pas seulement des lieux de contestation » mais aussi « des lieux d’apprentissage ») et soulignent l’importance « de penser plus globalement les territoires et de favoriser les politiques de lutte contre l’étalement urbain, de relocalisation des activités et de mise en place de circuits courts ». Un petit livre clef pour armer les combats à venir.
Livre : Tunisie : la révolution et ses passés de Nicolas Dot-Pouillard, L’Harmattan, 2013, 10 euros.
Le décryptage des tendances lourdes de l’histoire tunisienne permet de comprendre les avancées et reculs de la révolution, l’auteur nous en livre trois clefs. D’abord, la permanence de comptes non soldés avec l’héritage Bourguiba, visibles dans la puissance du parti Nidaa Tounes, la montée d’une forme de « bourguinostalgie » et l’ambiguïté du rapport des anciens opposants (y compris dans la gauche révolutionnaire) au RCD et à Ben Ali. Puis la fracture religieuse et identitaire, « tension originelle au nationalisme tunisien », puissamment réactivée par l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir. Enfin, la fracture géographique et sociale ou l’existence, bien antérieure à Ben Ali ou Bourguiba, d’une structuration discriminante entre un littoral économiquement développé et des provinces intérieures marginalisées. Preuve que la révolution a bien eu lieu et suit son cours, ce livre est en vente à Tunis !