Tome 1 : l’Énigme des Blancs-Manteaux. Parot-Dobbs-Chaïko, éditions Robinson.
Jean-François Parot, le créateur des enquêtes policières de Nicolas Le Floch, qui se déroulent dans le Paris pré-révolutionnaire (1762 à 1780), est décédé en mai dernier. Il avait donné, quelques mois auparavant, son accord pour une adaptation de son œuvre en BD chez Robinson, le label BD d’Hachette. C’est le scénariste Dobbs et le dessinateur chinois Chaïko qui ont relevé le challenge. Le premier tome, l’Énigme des Blancs-Manteaux, est sorti le 22 août, et connaît un franc succès. Dobbs a bien voulu répondre à nos questions avant une séance de dédicaces à Paris.
Pour rapidement faire connaissance, peux-tu nous résumer ton parcours depuis la fac de Montpellier où tu enseignais l’histoire du cinéma ?
Effectivement, j’ai fait plus de 15 ans d’enseignement sur l’histoire du cinéma, le découpage et les effets spéciaux. Je me suis spécialisé sur les « méchants » dans la culture populaire. Bénévole dans plusieurs festivals de BD, j’ai été contacté par le Journal de Mickey pour de courtes histoires, puis par les éditions du Soleil, où j’ai réalisé plusieurs albums se déroulant au 19e siècle ou ayant trait au fantastique. Déjà en tandem avec le dessinateur Chaïko, nous avons tout de suite accepté l’adaptation de Nicolas Le Floch.
Jean-François Parot a écrit quinze Nicolas Le Foch, comptes-tu tous les adapter ?
Ce n’est pas le contrat initial avec l’éditeur. J’ai quand même deux ou trois scénarios en préparation à partir des principales étapes de la carrière de Nicolas Le Floch sous Louis XV puis Louis XVI. Tout dépendra du succès de cet album.
Nicolas Le Floch est commissaire de police au Châtelet tandis que la révolte populaire commence à poindre. Comment as-tu procédé pour rendre cette atmosphère dans la BD ?
J’ai d’abord été beaucoup aidé par Parot lui-même, qui a été très précis dans ses descriptions de la société et des personnages, qu’ils soient du peuple ou de la cour. Ensuite Nicolas fait son apprentissage de la rue comme de la cour et les ambiances, les rituels, les odeurs doivent être transcrit(e)s. L’adaptation télé est très intéressante à ce propos, mais nous avons aussi visionné des films sur l’époque et bossé sur des documents. De Boudeau, l’inspecteur venu du peuple, à Sartine, le noble ambitieux dans une cour en crise, le panorama est complet.
Tu livres à ton dessinateur un script très complet avec un découpage case par case, n’est-ce pas un frein à la possibilité d’éclater les images ?
Non, parce que nous sommes dans une collaboration en temps réel grâce à internet (Chaïko a son atelier à Shangaï), et puis ma méthode de découpage vient du cinéma. Ce n’est donc pas un carcan pour les dessins, d’autant plus que pour cet ouvrage, nous n’avions pas de limitation de pages et avons pu nous exprimer sur 64 pages. La densité créée par le script autorise plus de liberté en fait. Ainsi l’adaptation du roman de Zola, la Bête humaine, a nécessité 90 pages.
Un dernier mot ?
Deux. Ne pas oublier l’importance du coloriage, et aussi que la police de Louis XV, c’est le début de l’industrialisation des codes (cryptographie), de la réalisation et du croisement de fiches sur les gens, avec déjà le problème de la finalité et du contrôle.
Introduction et interview réalisées par Sylvain Chardon