La Découverte, 2023, 232 pages, 19 euros.
Avec l’État hors-la-loi, logiques des violences policières, Arié Alimi ouvre une réflexion sur un des grands sujets de l’actualité politique : les violences policières et derrière, même si la police à une grosse tendance à s’autonomiser, la question d’un État qui s’enfonce dans une répression politique systématique. L’avocat Arié Alimi, très investi dans l’aide aux personnes, aux familles victimes des violences policières, tente d’expliquer cette évolution terrible de ce qui se nomme le « maintien de l’ordre ».
L’État fragilisé toujours plus violent
En s’appuyant sur sa connaissance du droit, il montre que le pouvoir ne craint pas de se trouver dans l’illégalité. Il l’assume même en changeant les lois, d’une part pour se remettre dans la légalité et, d’autre part, en enlevant peu à peu mais sûrement tout moyen de contestation et de défense aux populations.
Cela concerne d’abord et depuis très longtemps les populations racisées dans les quartiers populaires, victimes d’un racisme systémique des institutions étatiques et policières. Cela concerne aussi, depuis relativement peu, les militantEs du mouvement social. Cela concerne enfin n’importe qui dans la société au travers de ce qui se nomme le « refus d’obtempérer ».
Le pouvoir, plus il est discrédité et plus il est fragilisé, plus il utilise la violence pour gouverner, plus il s’appuie sur la police pour assurer son autorité. Sans doute en lien avec une crise profonde du système économique, politique, environnemental, le pouvoir durcit les rapports de domination, fait évoluer le droit pour son intérêt de dominant. Dans la répression des manifestations mais aussi et surtout dans la vie quotidienne, dans notre liberté de circulation, d’occupation de l’espace public, sont en jeu clairement nos libertés publiques, nos droits démocratiques fondamentaux.
De la bataille juridique aux batailles politiques
Arié Alimi explique la situation et son évolution inquiétante au travers de quelques drames vécus par des personnes, ces dernières années : Rémi Fraisse, militant écologiste tué à Sivens, Geneviève Legay blessée gravement lors d’une manifestation à Nice, Cédric Chouviat mort étouffé comme George Floyd, Souheil El Khalfaoui jeune tué encore lors d’un contrôle policier… Il nous rappelle les enquêtes compliquées, des enquêtes souvent mal menées par la police et la justice, des enquêtes qui sont des batailles pour les avocatEs comme Alimi, Kempf ou Bourdon, des combats pour les familles victimes qui demandent justice.
Arié Alimi montre toute l’importance de la bataille judiciaire, de la lutte pour nos droits, pour le Droit, pour des lois qui protègent les populations, qui assurent la démocratie et les libertés de toutes et tous. Une bataille qui ne remplace pas la lutte politique et les mobilisations collectives, mais à ne pas laisser de côté.