Film français, 1 h 40, sorti le 24 novembre 2021.
Aller voir l’Événement, c’est plonger dans une époque, celle de la France du début des années 1960, où la contraception n’existait pas et l’avortement était interdit. Une époque où des hommes décidaient de ce que les femmes faisaient de leur corps : ceux qui faisaient les lois, l’Église et les médecins. La toute-puissance de ces derniers en conduisant même certains à faire le contraire de ce qui leur était demandé, sans le dire (il faut voir le film pour comprendre !).
« L’avortement est en péril dans de nombreux pays »
Une époque où la vie amoureuse et sexuelle des femmes, mariées ou non, était hantée par la peur de « tomber enceinte ». Une époque où les femmes qui en avaient les moyens allaient avorter dans les pays voisins, où l’avortement était autorisé. Les autres, étudiantes, travailleuses ou femmes au foyer sans argent, devaient se débrouiller et le recours à l’avortement clandestin finissait souvent mal. Des centaines de femmes en mouraient chaque année ou restaient mutilées. Une époque où avorteuses comme avortées pouvaient finir en prison.
Le film, réalisé par Audrey Diwan, est adapté du récit du même nom d’Annie Ernaux dans lequel elle a raconté, de manière sèche et précise, son avortement clandestin en 1963, alors qu’elle était étudiante. Le film en est une très bonne adaptation, qu’Annie Ernaux a trouvée magnifique, et a eu le Lion d’or à la Mostra de Venise, un des festivals de cinéma les plus renommés, en septembre 2021. Il rend bien compte du cauchemar dans lequel est plongée son héroïne et de sa solitude absolue car autour d’elle, personne ne peut ou ne veut l’aider. Il ne nous épargne rien de la violence qu’elle subit.
La réalisatrice a déclaré à L’Obs (n° 2978, du 18 au 24 novembre) : « L’avortement est en péril dans de nombreux pays. Cette colère me porte. Je réfléchis à la meilleure façon de relayer le sujet pour qu’il résonne le plus fortement possible. » C’est chose faite avec ce film, qui tombe à point nommé : le Texas vient de rétablir une loi restrictive sur l’IVG, la Pologne aussi… sans parler de tous les pays où l’avortement est toujours illégal et pénalisé.