Film norvégien, avec Helga Guren. Jour2Fête. 1 h 43. Juin 2025.
Loveable, c’est l’histoire de Maria, jeune femme norvégienne en proie à des tourments qu’elle partage avec tant et tant de ses congénères ! Mais c’est dans son parcours et dans la manière de le raconter, en une succession de tableaux qui se jouent du temps commun, que réside l’originalité de cette œuvre poignante.
Une histoire d’amour…
Une histoire d’amour, une grande, une belle, une formidable histoire d’amour. Oui, mais c’est son histoire d’amour ! C’est elle qui décide que le beau Sigmund sera son homme, elle qui se donne les moyens d’arriver à ses fins. Elle va le chercher et le guide, elle le prend par la main et le conduit sur la voie de la passion. Très adroitement, cette affaire est réglée, au début du film, au rythme même — trépidant — auquel la personnage principale semble mener sa vie. Vite et bien.
…qui finit mal ?
Première bascule : nous sommes sept ans plus tard et Sigmund revient au domicile familial après l’un de ses innombrables déplacements professionnels, juste après que les deux premiers enfants de Maria sont partis avec leur père — garde alternée oblige — au milieu de cris et de pleurs, la laissant en plein désarroi face aux deux plus jeunes qu’elle a eus avec Sigmund. Celui-ci incarne alors la satisfaction de l’homme content de lui, sûr d’être un mec bien, qui assure, plongé dans l’incompréhension face à cette femme qui, on le sent, oscille entre l’envie de le prendre dans ses bras et celle de l’étrangler. Elle lui fait des reproches, et l’on sent bien qu’elle se le reproche. La crise, quoi. Très ordinaire.
Deuxième bascule : Sigmund (prénom bien choisi), incarné par le très norvégien — c’est-à-dire parfait — Oddgeir Thune, fait face à Maria et, le plus calmement du monde — presque gentiment — lui suggère d’apprendre à gérer sa colère. Maria, à raison, est envahie par un puissant sentiment d’injustice — que nous partageons ! — et une sorte de rage folle et, sûre de son bon droit, fait tout — mais en vain — pour en convaincre le monde.
Ah, Maria !
Troisième bascule : dans le cabinet de la psychologue familiale — épatante Heidi Gjermundsen — et alors que la médiation s’est soldée par un échec cuisant, Maria craque, Maria comprend. Elle reprend la main, elle accepte ses doutes, ses imperfections, et offre au monde — le même — la paix et la sérénité qui l’ont gagnée ! La victoire du « prendre soin » face à un monde de brutes ! Maria, notre sœur, on t’aime !
Claude Moro