Seuil, Anthropocène, 432 pages. 21,50 euros.
Dans cet ouvrage très dense, l’autrice et l’auteur nous emmènent vers de nouveaux horizons... Il ne s’agit pas tant de brandir une nouvelle stratégie globale que de proposer « un traité d’écologie sur ce à quoi il faut être sensible dans la construction de notre politique ».
« Agir avec la nature pour contrer ceux qui l’effondrent »
Cela suppose de bouleverser une pensée politique, encore trop prégnante, qui fait de la nature l’environnement extérieur de la société, de rompre avec cette forme de dualisme et d’admettre l’agentivité (capacité à agir) des non-humains. Cela conduit à redéfinir le capitalisme, qui plutôt que se résumer à un système économique serait « une certaine écologie des relations de travail entre humains et non-humains », l’exploitation ne se réduisant pas à celle des humains.
« Des réseaux d’actes politiques interspécifiques »
L’enjeu serait alors d’identifier quelles « nouvelles camaraderies » il serait possible de nouer avec des non-humains, quelles résistances partager, quelles alliances « plus qu’humaines » nouer dès lors que les autres sont des non-humains, quelle communauté politique élaborer... Tout cela sans renoncer à aucun moment à l’exigence de l’égalité sociale entre les humains, sans abdiquer la nécessité de la lutte des classes – ici redéfinies comme géoclasses – et sans verser dans la pensée magique qui permettrait aux humains de renoncer à être « les seuls responsables d’un choix concerté de cibles et de stratégies contre les causes du ravage ».
Une invitation au débat
Marqué par les références de l’autonomie politique, ce livre est, de prime abord, assez déconcertant, mais il aborde nombre de questions que nous nous posons. Au fil des pages, l’ouvrage étant structuré de façon progressive et pédagogique, si l’on fait preuve d’humilité, la mobilisation de nos références écosocialistes nous le rend abordable. Nous pourrions même le considérer comme une invitation au débat !