Film japonais, 1 h 52, sorti le 7 septembre.
«Plan 75 », c’est le nom d’une politique lancée par un hypothétique futur gouvernement japonais : 75, comme 75 ans. Dans ce premier film, la réalisatrice Chie Hayakawa imagine qu’un gouvernement fait de l’euthanasie volontaire une politique d’État. Il s’agit de régler le problème du vieillissement de sa population par une loi autorisant l’élimination volontaire des personnes âgées quel que soit leur état de santé.
« Vieillir est vraiment une angoisse pour beaucoup de Japonais »
Ce projet, présenté comme un « droit à l’euthanasie », ne repose pas sur la contrainte mais est basé sur un dispositif impressionnant de propagande. Souvent en difficulté financière (Michi, la protagoniste principale vient de perdre l’emploi de femme de ménage dans un hôtel qu’elle exerçait encore), isolées, les personnes âgées se laissent convaincre par des agents dépêchés dans tout le pays pour recruter les candidatEs. On leur propose de l’argent pour faciliter leur dernière période de vie et un accompagnement logistique et humain pour mettre fin à leurs jours. Une personne les appelle régulièrement pour faire le point, échanger, jusqu’à la date fatidique.
Il ne s’agit pas ici du droit légitime et individuel de s’épargner des souffrances et des traitements inutiles. Le film questionne les détournements possibles du droit de « choisir sa mort » dans une société sans autre âme que l’efficacité économique. Est surtout mise en cause la dureté de la société japonaise et la place qui y est faite aux personnes âgées. « Vieillir est vraiment une angoisse pour beaucoup de Japonais […]. Pour cela, si le plan 75 existait vraiment, il y aurait un certain nombre de personnes qui adhéreraient à cette proposition » a déclaré la réalisatrice dans une interview.
La réalisation, parfaitement maîtrisée, réussit à rendre crédible le « plan 75 ». Le film a reçu la Mention spéciale Caméra d’or au Festival de Cannes 2022.