La Découverte, 2024, 198 pages, 17 euros.
Impossible, à la lecture du sous-titre, de ne pas être saisi par la colère, par une peine profonde, par une forme aiguë d’incrédulité : comment cela est-il possible ? Comment peuvent-ils faire cela, en notre nom ?
L’implacable démonstration de Didier Fassin donne à voir des gouvernants, ceux de l’Occident dominant, sûrs de leur « bon droit », fiers de tirer à longueur de temps à la face du monde stupéfait leur infâme langue de bois, arquée sur tant de mensonges, jamais à court d’une inversion des valeurs, érigeant en victime le bourreau, niant purement et simplement les victimes. Pour cela, il documente la tragédie du peuple de Gaza, la renvoie à ce que serait, dans un autre contexte, l’état du massacre — ce serait un million en France, et ne trouve aucun point de comparaison dans l’histoire !
Mais à ceux qui consentent, l’auteur promet des lendemains qui déchantent — certains préparent d’ailleurs, depuis la prise de position de la CPI, leur sortie — marqués par le sceau de l’indignité. Il imagine Macron lisant sous la plume de l’un de ses successeurs, dans trente ans, « la France aurait pu arrêter le génocide […] mais n’en a pas eu la volonté ».
Claude Moro