Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, déclarait le 28 mars dernier : « Au cours des trois dernières années, les États membres ont accordé des aides et fourni des garanties au secteur financier à hauteur de 4 600 milliards d’euros. Il est temps que le secteur financier apporte sa contribution à la société »6. Il est rare que ce chiffre soit cité : Barroso, en pleine crise boursière et bancaire, cherchait à montrer que l’Union européenne n’était pas seulement à la solde des banques.
En fait, ces 4 600 milliards d’euros n’ont pas tous été utilisés. Des sommes ont été réellement déboursées (dont une partie a été remboursée), des garanties, dont certaines ont pu entraîner des déboursements effectifs ou un accroissement de la dette publique, ont été accordées. Tout cela est extrêmement difficile à chiffrer et donne l’impression d’une obscurité largement voulue.
Pour ce qui est de la France, selon Bruxelles, le gouvernement a sollicité et obtenu l’autorisation d’aides pour un montant de 351 milliards d’euros. Entre 2008 et 2009, un total de 210 milliards d’euros aurait effectivement été utilisé, soit sous forme de garanties, soit sous forme de recapitalisation, toujours selon Bruxelles.
Le gouvernement français, pour sa part, minimise l’impact des mesures de soutien aux banques (les aides auraient été totalement remboursées selon Christine Lagarde).
En réalité, selon une étude de Mediapart7, « l’’État a d’abord recapitalisé Dexia et la BPCE (née de la fusion entre les Banques populaires et les Caisses d’épargne) à hauteur respectivement de 3 et 5 milliards d’euros. En parallèle, une structure spéciale, la Société de financement de l’économie française (la SFEF) a été créée pour lever des fonds sur les marchés, avec la garantie de l’État, pour le compte des établissements financiers. Ayant obtenu l’autorisation de lever jusqu’à 260 milliards d’euros, la SFEF n’a fait appel aux marchés que pour 77 milliards, jusqu’à sa fermeture au 31 décembre 2009. Mais la dette continue à courir au moins jusqu’en 2015. Enfin, une enveloppe de 22 milliards, provenant du surplus des fonds récoltés sur le Livret A, a été mise à la disposition des banques afin de faciliter le crédit aux entreprises. Au total, le sauvetage du système financier français pendant la crise s’est élevé à 128 milliards d’euros, mis à la charge des finances publiques, si on s’en tient aux comptes publics. ». Et à 210 milliards selon les statistiques européennes précédemment citées.
Admettons que le coût final ne soit pas encore connu. Au-delà de l’obscurité des chiffres, il apparaît que :
- l’État était prêt à mettre des sommes énormes pour sauver les banques ;
- elles n’ont été utilisées qu’en partie cette fois-ci mais la prochaine fois, à combien se montera la note alors que rien n’a été fait pour museler la finance ?
Car le feuilleton n’est pas terminé comme en témoigne la fin de Dexia en octobre 2011, première banque européenne victime de la deuxième phase de la crise.