C’est la deuxième fois qu’un numéro de cette revue est entièrement consacré à un seul thème. On ne l’avait fait précédemment qu’à l’occasion du 140e anniversaire de la Commune de Paris, en mars 2011.
Bien sûr, l’importance de l’événement et de ses suites le justifie, tant ceux-ci ont longtemps marqué l’histoire du mouvement ouvrier et les rapports de forces entre les classes. En bien et en mal, car si la force propulsive de la révolution est restée vivante durant des décennies, elle n’est pas parvenue à surmonter les limites et obstacles issus de sa dégénérescence et a fini par s’épuiser complètement. L’offensive combinée des impérialismes capitalistes et de leurs complices bureaucratiques de Moscou et Pékin, désormais ralliés au système dominant, en a eu raison au tournant des années 1980-90.
Pourtant, dans un monde capitaliste en crise permanente et où les éléments de barbarie ne cessent de s’étendre, le pouvoir des travailleurs issu de la victoire d’Octobre – jamais revu depuis et ailleurs – continue de fasciner, de mobiliser l’imaginaire de nouvelles générations militantes. D’où sa persistante actualité et la nécessité incontournable d’étudier une expérience qui, quoique avortée, reste fondatrice.
Au cours de l’année écoulée, dans une rubrique intitulée « Russie 1917 : la révolution », nous avons traité chaque mois d’un aspect de ce processus – soit d’événements spécialement importants et marquants, soit de questions ou réalités plus générales l’ayant imprégné du début à la fin. Rappel de ces textes :
• Janvier (n° 83). La Russie à la veille de la révolution – Quand « ceux d’en haut » ne peuvent plus et « ceux d’en bas » ne veulent plus (Laurent Ripart).
• Février (n° 84). Février 1917, le tsarisme s’écroule comme un château de cartes (Régine Vinon).
• Mars (n° 85). Marxistes, populistes, anarchistes… Un mouvement ouvrier révolutionnaire (Jean-Philippe Divès).
• Avril (n° 86). « Thèses d’avril » : Lénine (ré)arme le Parti bolchevique (Jean-Philippe Divès).
• Mai (n° 87). La révolution de 1917 face à la « question paysanne » (Emmanuel Barot).
• Juin (n° 88). Crise de juin, « journées de juillet » – Impatience de masse et gauchisme politique dans la révolution (Jean-Philippe Divès).
• Juillet-août (n° 89). De juillet à septembre – Ou Kornilov, ou Lénine (Jean-Philippe Divès).
• Septembre (n° 90). Tout le pouvoir aux soviets ? (Laurent Ripart).
• Octobre (n° 91). Repères sur l’histoire du bolchevisme – Le parti de la révolution (Patrick Le Moal).
• Novembre (n° 92). Il y a cent ans, l’insurrection d’Octobre (Julien Varlin).
Une fois célébré le centenaire de l’insurrection du 25 octobre (7 novembre dans le calendrier occidental), la logique était d’aborder un peu globalement la période révolutionnaire. Une étape dramatique et héroïque, d’une incroyable densité, et dont on peut considérer que la mort physique de Lénine, le 21 janvier 1924, a marqué la fin. Avant un intermède de quelques années pendant lesquelles la dictature bureaucratique s’est consolidée, en liquidant progressivement les réminiscences de dictature prolétarienne.
Cette période révolutionnaire est abordée ici à travers une série d’articles et de thèmes, en exprimant des points de vue qui – le lecteur averti le constatera – peuvent parfois être différents, mais reflètent une diversité d’opinions qui existe dans la tradition marxiste révolutionnaire et est aujourd’hui présente au sein du NPA.
Pour autant, nous ne cesserons pas subitement d'évoquer la révolution russe. De prochains numéros seront l’occasion de revenir, toujours cent ans après, sur d’autres événements ou processus passés à l’histoire et devenus des jalons importants dans l’histoire et les débats du marxisme révolutionnaire – à commencer par la question de l’Assemblée constituante et de sa dissolution, ou encore celle de la paix de Brest-Litovsk, avec les débats et oppositions qu’elle a générés.