Établissement chargé de former les enseignants du primaire, la première école normale nationale en France fut créée en 1810 pour les hommes suivie, en 1838, de la première école normale d’institutrices.
Dans un premier temps, les écoles normales de filles et de garçons dispensent une for–mation avant tout morale et religieuse, mais à partir de 1879, elles sont généralisées et laïcisées.
Ces écoles recrutent à partir de la seconde. Il faut trois ans pour obtenir le brevet supérieur puis un an de formation professionnelle pour le Certificat d’aptitude professionnel.
Dans certaines écoles normales, on comptait de 40 à 50 % d’enfants d’ouvriers et paysans1, bien placés pour savoir la nécessité de l’instruction pour le peuple. Souvent, l’instituteur avait dû convaincre la famille de l’utilité de faire continuer leurs études aux enfants. Il était de règle que tout élève soit interne, de façon à avoir des conditions matérielles de travail meilleures que dans les foyers d’où étaient issus les élèves, et la pension était gratuite.
Les écoles normales sont soupçonnées de favoriser le socialisme… puis le communisme, et le régime de Vichy les supprime en 1941, afin d’annuler les liens créées par l’internat. Les occupants (allemands) sont dans les locaux des EN. Suivant les régions, on s’organise comme on peut. À Vannes (Morbihan) les élèves sont répartis dans des locaux récupérés pour dormir, manger et avoir les cours partagés avec les lycéens ou lycéennes suivant le genre, les écoles normales comme les lycées étant non mixtes, le tout toujours payé par l’État. Par contre, à Caen (Calvados) les élèves maîtres et les élèves maîtresses deviennent boursiers, sont logés à leurs frais chez l’habitant, se restaurent de même et la famille aide, mais sont regroupés pour les cours. Cela donnera une première génération de normalienEs obtenant le baccalauréat au lieu du BS. Les recrutements se sont poursuivis pendant les années d’occupation.
Les écoles normales présentaient à partir de la seconde une seule section : M’ qui n’avait qu’une langue vivante et pas de langues anciennes et permettait aux élèves de « l’enseignement court » venant du cours complémentaire (CC) puis du collège d’enseignement général (CEG) de passer le concourt d’entrée à l’EN. Notons qu’au lycée (avant la création du collège), l’apprentissage de la deuxième langue et les langues anciennes commencent en quatrième.
Suivant les années et les matières, un certain nombre d’élèves pouvaient poursuivre leurs études par une formation de PEGC (prof de collège) salariéEs mais une majeure partie du salaire était conservée pour former un « pécule » donné aux élèves en fin de scolarité. Le passage d’un autre concours, les Ipes, permettait aux élèves de passer la licence, le Capes et certainEs, l’agrégation, études salariées avec obligation d’enseigner dix ans, comme pour les EN, les années d’études étant comprises dans cette durée.
Des études payées, comptant pour la retraite, c’était possible !
Colette Le Goïc