Publié le Samedi 23 octobre 2010 à 17h18.

l’hôpital est malade et son personnel en souffre !

Les réformes de l’hôpital qui impliquent toujours plus de tâches avec toujours moins de personnels ont des répercussions sur les conditions de travail et la santé des agents, et par conséquent sur la qualité du service rendu aux malades.

Le secteur hospitalier est un milieu difficile, car les personnels y sont confrontés à la souffrance, la mort, la violence, la détresse physique et sociale.

Les contraintes économiques imposées aux hôpitaux entraînent une réduction des équipes soignantes inquiétante pour la qualité des soins dispensés aux patients et pour les conditions de travail des agents.

En effet, à force de travailler à flux tendu et de tirer sur la corde toute l’année, celle-ci finit par lâcher.Nombreux sont lesservices où il manque infirmières, aides-soignants, secrétaires, médecins... au point d’en entraîner la fermeture. Cela augmente la charge de travail pour les agents restant avec l’obligation de faire des heures supplémentaires jusqu’à frôler l’illégalité (travailler 
60 heures par semaine avec – dans le pire des cas – 24 heures de récupération). L’exercice de ce métier snécessite de pouvoir prendre du recul et du repos. C’est pourquoi la récupération physique mais surtout psychologique sont indispensables. Et lorsque cela n’est pas respecté la détresse psychologique des professionnels s’installe.

Logiques économiques

Les autorités de santé sont enfermées dans des logiques économiques.La loi Bachelot confirme les suppressions de postes redoutées, qui ont commencé dans certains hôpitaux : 700 à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), 650 à Nancy, 387 au Havre, 350 à Lyon, 200 à Nantes... Les directions hospitalières se focalisent sur la rentabilité et les cadres de service gèrent ce qu’elles appellent de l’absentéisme, c’est-à-dire les arrêts maladie, congés maternité et départ non remplacés. Au point que certains établissements fonctionnent avec des intérimaires dans tous les services, alors que la plupart n’en connaissent pas le fonctionnement ni les protocoles à respecter... Sans compter que le recours à des intérimaires est extrêmement onéreux pour les établissements hospitaliers. Malgré le manque flagrant de personnels, une précarisation de certains métiers est en marche. C’est le cas des aides-soignants (notamment à 
l’AP-HP) auxquels on propose des contrats de trois mois renouvelables (cinq fois au maximum). Toute nouvelle recrue doit être formée. Cette instabilité, due au turn-over des équipes, nuit au fonctionnement du service et par conséquent à la prise en charge du patient.

Perte de sens

Au-delà du nombre d’heures important demandé aux agents, la flexibilité des horaires (travailler 8 heures, 10 heures, 12 heures, de jours, de nuits) est imposée, ainsi que la polyvalence. Cela signifie que le même agent peut travailler dans un service et le lendemain dans un autre, sans en connaître les spécificités. Il y a une réelle perte de sens dans le travail, ce qui est amplifié par une absence de considération professionnelle et salariale. Même si Bachelot veut nous faire croire qu’elle considère le corps infirmier en lui permettant de changer de catégorie. En effet, les infirmières auront la possibilité de passer de la catégorie B à la catégorie A de la fonction publique à la fin de l’année. Mais alors que cela ne se traduit pas par une réelle augmentation des salaires, la contrepartie est une régression de la situation pour ce qui est de l’âge de départ à la retraite qui passera de 55 à 60 (62 ?) ans.

Parfois, la technologie joue en notre défaveur, notamment en permettant des glissements de tâches. Ainsi, les aides-soignants réalisent des tâches d’infirmiers qui eux-mêmes font des tâches médicales et administratives... Cela accroît la surcharge de travail et éloigne chacunE des missions premières de son métier.

L’AP-HP dénombre environ 40 suicides sur l’année 2009. Ce chiffre fait aussi peur que celui de France Télécom. Cette triste comparaison montre bien le désarroi des agents. Les restructurations sont telles que dans certains établissements, il n’ y a plus de médecin du travail, plus de psychologue pour le personnel et une seule infirmière assurant les tâches de médecine du travail pour le suivi médical.

Continuons de lutter pour la non-application de cette loi dangereuse.

Nsuni Met