Publié le Lundi 7 février 2011 à 11h10.

Livre : Tous dans la rue. Le mouvement social de l’automne 2010

Exercices à chaud, les textes rassemblés dans ce livre collectif fournissent, de manière inégale, une série de pistes utiles.La mobilisation se caractérise d’abord, selon notre camarade Lilian Mathieu, par « la défatalisation de la destruction du système social », amorcée en 1995. Les effets de la précarisation contemporaine du travail sur l’action collective auraient aussi joué, selon lui, dans le sens d’« un déplacement tactique sur la manifestation » comme sur des actions de blocage. Emmanuel Renault comme Pierre Dardot et Christian Laval soulignent le succès du slogan « Je lutte des classes », associant de manière nouvelle combat collectif et individualités.L’issue n’apparaît alors pas tout à fait comme un échec. Dardot et Laval vont jusqu’à parler d’un mouvement « seulement suspendu » : « On se tromperait à ne voir dans la multiplicité des actions qui ont été menées à l’automne 2010 qu’une forme inaccomplie et inaboutie de la grève générale reconductible […] Ce qui fait de plus en plus son chemin, c’est précisément l’idée qu’on peut parvenir à tout bloquer sans avoir à déclencher une grève générale ».Et l’avenir ? Renault pointe « un déficit d’ordre stratégique » dans l’altermondialisme et les gauches radicales quant à la construction d’une société post-capitaliste : « on n’a pas de scénario clair pour savoir quelles seraient les alliances, les étapes et les institutions qui permettraient ces transformations ». Christophe Aguiton nous oriente sur l’écart entre « la montée d’une opinion antigouvernementale » et « la faiblesse de l’organisation ». Ce qui débouche sur un appel à « travailler sur les liens intergénérationnels, les liens intersectoriels, en l’absence d’organisation ou avec des organisations existant en pointillé ».Des hypothèses à faire mijoter dans les marmites du mouvement social. Philippe Corcuff

Préface de Gérard Mordillat, Éditions Seuil, 180 pages, 12 euros.