D'Aurélien Dubuisson. Éditions Libertalia, 282 pages, 10 euros.
« Le 1er mai 1979, le sigle Action directe fait son apparition dans le paysage politique français avec le mitraillage du CNPF. L’opération marque le début d’une offensive qui va se prolonger jusqu’en 1987, date à laquelle les derniers membres de l’organisation sont arrêtés. Pour saisir l’émergence d’un tel groupe, il est nécessaire de s’intéresser au contexte dans lequel il prend forme. » Dès les premières lignes d’Action directe, les premières années, Aurélien Dubuisson précise son projet : il n’entend pas écrire une histoire d’Action directe mais se penche avant tout sur les conditions d’émergence du groupe et sur ses « premières années » (jusqu’en 1982).
D’après un mémoire universitaire
Rédigé d’après un mémoire universitaire, le texte d’Aurélien Dubuisson est particulièrement concis (les 2/3 de l’ouvrage sont composés d’entretiens et d’annexes), ce qui présente un avantage (une approche synthétique) et un défaut (des passages parfois trop allusifs). Sorti quelques semaines après le livre de Jean-Marc Rouillan (Dix ans d’Action directe, chez Agone, voir notre recension dans l’Anticapitaliste n°4431 et l’interview de Jean-Marc Rouillan dans le n°4442), le livre a le mérite de proposer une approche plus « historienne » et plus « extérieure », à laquelle ne pouvait bien sûr pas prétendre Rouillan.
Ce dernier fait évidemment partie des membres d’Action directe que Dubuisson a interviewéEs au cours de son travail : des interviews reproduites in extenso dans l’ouvrage, qui en composent pas loin de la moitié et qui, on doit le dire, forment probablement l’une des pièces maîtresses du livre. Elles racontent une histoire et une époque, mais aussi des histoires, des trajectoires individuelles et collectives, des désaccords et, parfois, des incertitudes et de la lassitude. Un livre bien éloigné des versions policières de l’histoire, qui permet d’alimenter la réflexion et les discussions sur le phénomène Action directe.
Julien Salingue