Publié le Dimanche 13 décembre 2015 à 10h45.

Contes et légendes

Louise Michel ∞ Noir et rouge, 2015, 10 euros. 

Parus à son retour de déportation en 1880, les Contes et légendes de l’institutrice communarde Louise Michel, fondatrice de plusieurs écoles dans les années 1850-1960, bannie en Nouvelle-Calédonie en 1873, renouent avec le Livre du jour de l’an, déjà écrit pour les enfants en 1872. Ces récits pédagogiques et politiques, à rebours de la conception alors dominante de l’enseignement de l’histoire incarnée par Lavisse centrée sur les « héros » nationaux et leurs hauts faits, s’attachent à restituer l’histoire des humbles et des oubliés de l’histoire. Celles et ceux qui ont connu un « accident moral ou physique », la « pression des persécutions », des « êtres tellement disgraciés de la nature, tellement étranges à voir ou à entendre, que leur seul aspect est un sujet de tristes études pour les uns, de folles moqueries pour les autres ». Avec pour seule morale de ne se « moquer jamais des fous ni des vieillards », ces contes jouent à renverser les hiérarchies sociales en raillant la cupidité des grands, comme dans « la famille Pouffard », tandis que les petits, la vieille Chéchette, Marthe ou le père Rémy, se font les porte-voix de la nécessité de changer la société.