Publié le Vendredi 4 décembre 2015 à 10h03.

Essai : Les saboteurs du climat

Nicolas de La Casinière, Seuil, 2015, 10 euros. 

L’auteur Nicolas de La Casinière est correspondant à Nantes pour Libération et Reporterre. Il mène ici une enquête détaillée fourmillant d’informations méconnues sur ces saboteurs. Il les montre à visage découvert : « mieux les connaître pour mieux les combattre ». Il se rend sur leurs lieux d exploitation et rapporte la parole des populations concernées. Ces saboteurs, ce sont « 90 grandes firmes seulement, responsables des 2/3 des émissions mondiales de GES ! »

Pétrole, charbon, pneus, banques… elles se disent toutes « écoresponsables », obtiennent des labels verts et participent à la COP21 ! Certaines sont françaises et quelques-unes ont l’État pour actionnaire.

Le charbon, abandonné ici, exploité ailleurs. Le groupe familial français SparklingCapital s’est spécialisé dans les charbonnages lointains... EDF, détenue à 88 % par l’État, et Engie, à 33 %, détiennent 46 centrales à charbon. Ils émettent 151 millions de tonnes de CO2 (1/2 de la France). EDF est présent en Pologne, Chine, Belgique. Engie en possède 30, dont 10 « subcritiques » : comprenez vétustes et polluantes…

Le pétrole. Le responsable de Total s’autoproclame fièrement « super pollueur » et raconte ses projets d’avenir : sables bitumineux, gaz de schiste, gaz de l’Arctique…

Les pneus Michelin « roulent à l’effet de serre ». Un pneu, ce sont des hévéas et du pétrole : pour eux, l’accord parfait ! Le 2e producteur mondial déforeste, saccage et chasse les autochtones vers les bidonvilles.

Dans ce livre, il est aussi question du lobbying acharné à Bruxelles pour que rien ne change... De Bill Gates « grand philanthrope » investissant dans la bio-ingénierie au cimentier Lafarge, de GDF à ArcelorMittal qui financent toujours les sénateurs états­uniens les plus climato-sceptiques…

Sa conclusion est sans appel : « Le capitalisme va esquiver, s’adapter... et poursuivre son accumulation illimitée du profit. La sortie est à chercher dans des modes de vie et des sociétés débarrassées de la domination capitaliste ».

Michèle Mor