Essai : "Pour des villes à l'échelle humaine" de Jan GehlTraduit de l’anglais par Nicolas Calvé, Éditions Écosociété, 2013, 34 eurosQui ne serait d’accord avec un titre et un programme pareils, dont les partisans sont de plus en plus nombreux ? Par exemple, Paul Ariès dénonçait récemment dans Libération (22/2/13) « l’apartheid urbain » s’imposant partout dans le monde et lui opposait ce que serait la ville idéale, « surtout pas une mégalopole, mais une ville à taille humaine où pourraient se développer toutes les activités nécessaires au bien-vivre : un travail, un logement, des loisirs, la vie telle qu’elle devrait être pour tous. Je parlerais de villages urbains. Une ville qui redeviendrait une fabrique de l’humain où l’on passerait de la jouissance d’avoir à la jouissance d’être. » Ce n’est donc pas l’originalité du propos qui fait l’importance du livre de Jan Gehl, mais l’autorité de son auteur et sa méthode d’exposition et d’analyse. Architecte et urbaniste danois de renommée internationale ayant contribué à réaménager Copenhague, Londres, Amman, Melbourne, New York et San Francisco notamment, c’est un expert dont l’avis compte. Abondamment illustré et pourvu à la fin d’une « boîte à outils », l’ouvrage envisage « la dimension humaine », les « questions de sens et d’échelle », ce qui fait « une ville animée, sûre, durable et saine », « la ville à hauteur de regard », la nécessité de prendre en compte « vie, espace, immeubles… dans cet ordre » et enfin « l’urbanisation des pays en développement ». Cela ne va pas sans insuffisances ou omissions (banlieues, transports périurbains, aménagement du territoire), Gehl s’intéressant surtout aux centres-villes des pays riches et plus en architecte critique de « l’idéologie moderniste » qu’en urbaniste averti de la logique capitaliste du BTP. Ce livre a néanmoins le mérite de décrire des solutions « peu coûteuses » et de dispenser des conseils de bon sens que les citoyens pourront à leur tour rappeler aux urbanistes.Gilles Bounoure