Publié le Dimanche 13 décembre 2015 à 10h44.

Eux, c’est nous

Texte de Daniel Pennac, illustrations de Serge Bloch ∞ Gallimard, 2015, 3 euros. Acheter sur le site de La Brèche

À l’initiative de Frédéric Lavabre, fondateur des éditions Sarbacane, une cinquantaine d’éditeurs jeunesse (Talents Hauts, Rue du Monde, Actes Sud junior, l'École des loisirs, Gallimard Jeunesse...) ont décidé pour la première fois de s’associer pour publier le 20 novembre (date symbolique de la Journée internationale des droits de l’enfant) ce petit livre qui réaffirme « des valeurs fortes d’accueil et de solidarité à l’égard des réfugiés, et explique à notre public – les enfants, les jeunes lecteurs et les adultes qui les entourent – les fondements et les enjeux de cette actualité ».

Au vocabulaire de la peur et du racisme dont abusent les Valls, Le Pen et consorts (« exode, masses, hordes, déferlement, multitude, invasion »), Daniel Pennac oppose les réalités chiffrées (depuis 2004, seuls 200 000 immigrés, soit 0,3 % de la population française, se sont installés) et les portraits de ces gens « qui pourraient être moi, toi, vous. Nous. Mais qui sont eux ». Il rappelle que tous ceux que nous avons su accueillir par le passé (Arméniens en 1915, Espagnols, Italiens, Polonais des années 30, Portugais des années 50, Maghrébins et Africains dans les années 60, Chiliens et Argentins dans les années 70…), « tous ces réfugiés du 20e siècle, jugés chaque fois trop nombreux, font, avec nous, la France d’aujourd’hui ». Jessie Magana et Carole Saturno précisent les notions avec un lexique sous forme d’acrostiche autour des huit lettres du mot « réfugiés » (Réfugié, Étranger, Frontière, Urgence, Guerre, Immigration, Économie, Solidarité) et le dessinateur Serge Bloch apporte la simplicité et la puissance de son trait.

Tous ont travaillé bénévolement, et via le Fonds de dotation du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil visant à financer et mettre en œuvre des actions de démocratisation de l’accès au livre, l’intégralité des ventes sera reversée à la Cimade qui œuvre depuis 1939 auprès des réfugiés et des demandeurs d’asile. Court, efficace, ce livre d’utilité publique s’ouvre par ces mots : « Si un homme, une femme, un enfant souffrent et que personne ne veut les secourir, vous entendrez tout. Toutes les excuses, toutes les justifications, toutes les bonnes raisons de ne pas leur tendre la main. Dès qu’il s’agit de ne pas aider quelqu’un, on entend tout. À commencer par le silence »...