Gérard Delteil, Points/Thriller, 2015, 7,90 euros.
Échos du passé dans le présent... Le polar historique a encore frappé. Gérard Delteil se précipite, et nous à sa suite, dans la Florence de 1497, grande ville de ce qui n’est pas encore l’Italie où se respirent les odeurs de corruption, de lutte pour le pouvoir passant par les assassinats. Le pape Alexandre VI Borgia est à la manœuvre et se sert, pour ses basses œuvres, d’un jeune homme qui a la foi en forme de fanatisme. La Conjuration florentine suit ce Stefano Arezzi dans les méandres de la préparation du meurtre du moine Savonarole qui prêche une Église débarrassée de cette richesse ostentatoire pour en revenir à la « vraie foi ». On comprend que le pape veuille l’éliminer. D’autant que le charisme du Moine se transforme en écrit. L’invention de Gutenberg exerce ses effets.
Cette histoire est aussi le chemin escarpé d’une prise de conscience difficile, celle de ce novice obligé d’ouvrir les yeux sur la réalité par l’intermédiaire de rencontres. D’une femme mais aussi de quelques génies des arts et lettres dont le jeune Machiavel, qui naviguent dans cette société étrange. Quitter le fanatisme suppose de commencer à s’interroger. La lucidité conduit à abandonner toutes les certitudes. Et à souffrir...
Un moment de basculement du monde qui permet toutes les ouvertures, tous les possibles. Ainsi s’explique la place de ces penseurs de la modernité qui peuplent les grandes villes italiennes à cette époque. Tout autant l’essor de la musique en train de se transformer.
Toutes références à une actualité brûlante sont recommandées vivement. Delteil excelle dans cet art difficile du passage du présent au passé et du passé au présent sans rien perdre de l’Histoire, l’évocation d’une société avec ses particularités. Comparaison n’est pas raison mais suscite l’imagination pour comprendre le monde. D’aujourd’hui !
Nicolas Béniès