Traduit du suédois par Anna Postel. Graphisme et illustrations d’Alexis Holmqvist. Éditions Robert Laffont, 40 pages, 15,90 euros.
Il faut l’avouer, de prime abord, le défi excite la curiosité : « Je voudrais bien voir ça ! », se dit-on illico ! Alors, ce livre pour enfant, destiné à être lu par une grande personne, nous entraîne dans une aventure insolite...
Introuvable
Inconnu du spécialiste BD, repéré sur l’ordi de la librairie féministe, le livre est évidemment à chercher à la librairie Enfance-jeunesse. Première visite, sans succès : « Ça me dit quelque chose, nous l’avons eu, mais il a été vendu » dit la libraire. Puisque c’est ainsi, il faudra repasser mardi... Mais le mardi, l’ordi annonce, non sans une certaine ironie, que le livre est épuisé ! Énigmatique, la libraire annonce dans un souffle, comme une confidence : « Je crois pourtant que nous l’avons quelque part ! » Au milieu de classiques revisités, tels cette nouvelle édition cartonnée de Boucle d’or et les trois ours, ou la réédition de ce somptueux Chien bleu cartonné géant... le livre reste introuvable. Il résiste ! « Je l’ai ! » s’écrie la libraire en extirpant le modeste volume d’un carton enfoui au fond du monte-charge...
Ce n’est pourtant pas l’histoire d’un livre qui ne voulait pas être vendu...
Un enfant
Maintenant, il me faut un enfant à qui lire ce livre... Celles et ceux de la famille sont trop âgéEs, les bébés des amiEs trop petitEs. Au hasard, dans la rue, ça ne se fait pas. À la sortie de l’école, toutes et tous sont beaucoup trop presséEs et, dans le squat occupé par des exiléEs, beaucoup trop prisES par leur lutte acharnée pour exiger un logement et des papiers... Sur le point de renoncer, je pense alors à l’enfant qui sommeille en chacunE de nous !
Ce n’est quand même pas l’histoire d’un livre qui ne voulait pas être lu à unE enfant !
Un livre pour grande personne
Voici donc la grande personne – moi ! – qui doit lire le livre à cet enfant – moi ! Il convient alors de ne pas se laisser impressionner par les mises en demeure, les subterfuges, les diversions, les pièges qui émaillent les pages résolument paradoxales de cet ouvrage, coincées entre des illustrations angéliques et rétro – on pourrait se croire dans un décor suédois de livre pour enfants des années soixante – des incursions dans un univers absurde mais tout de même très sage (ceci n’est pas un lapin). Alors, à deux – moi — l’on en vient à bout !
Ce n’est tout de même pas l’histoire d’un livre qui ne voulait pas être chroniqué par l’Anticapitaliste ! Non mais...