Luis Sepulveda, Éditions Métailié, 16 euros.
Dans ces neuf petites histoires, nous nous trouvons essentiellement avec de jeunes militants révolutionnaires, des jeunesses communistes ou socialistes, dans le Chili du début des années 70. Une période politique riche et bouillonnante. Nous les suivons dans leurs aventures, sur le terrain activiste où la réalité n’est pas toujours conforme à ce qu’ils ont pu apprendre ou comprendre dans les livres des expériences révolutionnaires de Trotsky ou Lénine ! Les théories c’est bien, mais dans la pratique, la vie est toujours pleine d’imprévus et de surprises.
Ils sont jeunes, inexpérimentés, mais plein d’ardeur et d’envie de participer à l’histoire, au grand combat révolutionnaire contre l’impérialisme américain et les réactionnaires chiliens. Ils se retrouvent confrontés à des situations cocasses dont ils arrivent malgré tout à se sortir très bien. Ainsi dans « Le dispositif merveilleux », pendant une opération contre une banque pour distribuer de l’argent aux pauvres, ils doivent trouver des biberons et du lait pour un bébé qui pleure ! Et dans « Le soldat Tchapaïv », pour affirmer sa pureté idéologique, le jeune militant communiste refuse de boire une bière avec un jeune socialiste dans une réunion… mais quittera la pièce peu après pour rejoindre la sœur d’un des socialistes !
C’est par le biais d’un narrateur que Sepulveda nous conte ces tranches de vie d’une jeunesse militante. Même dans les histoires les plus drôles, l’émotion n’est pas loin car nous savons bien ce que cette génération allait subir avec la dictature de Pinochet suite au coup d’État en septembre 73. Et la dernière histoire « Le déserteur », la plus tragique, nous fait vivre les derniers instants du Che.
Un bel hommage plein de tendresse aussi pour toute une époque où « ensemble, nous avons partagé le beau rêve d’être jeunes sans en demander la permission ». L’histoire continue, nos rêves et nos combats aussi !
Jacques Raimbault