Publié le Lundi 27 juillet 2015 à 14h23.

Podemos. Sûr que nous pouvons !

Sous la dir. de Ana Dominguez et Luis Giménez. Traduction de Martine Sicard, éditions Indigènes, 2015, 10 euros. Acheter sur le site de La Brèche.

« Nous étions fatigués d’être fatigués, alors nous nous sommes mis en marche ». C’est par cette phrase que commence ce recueil de textes de différents dirigeants de Podemos...

Carolina Bescansa, Inigo Errejon, Pablo Iglesias, Juan Carlos Monedero... 4 noms pour 120 pages d’une richesse absolue, tant sur l’aspect politique et idéologique, pour comprendre les positionnements de la nouvelle grande force populaire espagnole, que sur l’aspect tactique, le rejet du clivage droite gauche « parce que la social-démocratie a généré des politiques économiques propres à la droite ». L’excroissance politique des Indignés se revendique du peuple, face à « la casta »... Ceux d’en bas face au vieux monde politique corrompu.

Du neuf. De l’air. C’est ce à quoi fait penser Podemos. Un mouvement par en bas, qui est bien évidemment de gauche, mais qui l’est vraiment, en comparaison à la vieille gôche rabougrie du PSOE et du PCE.

Le poids de l’histoire travaille ces acteurs de l’espoir. Ils subissent l’empreinte, concrète et idéologique, de la guerre civile, de la résistance républicaine contre le franquisme. Podemos est très clairement antifasciste, et la volonté de ses membres d’en finir avec l’héritage institutionnel de la monarchie post-franquiste est puissante dans ce livre. Or, cela passe par une rupture avec les partis du vieux système qui se sont accommodés de la transition pacifiste pour exister, dont le PCE et le PSOE.

Avoir sa propre communication de masse, notamment télévisuelle, sur le net, est une priorité pour qui veut changer le monde. Pablo Iglesias le dit en ces termes « Si les médias ne viennent pas à toi, deviens toi-même le média ». N’oublions pas qu’outre le mouvement des Indignés, Podemos est entre autres le fruit d’une émission de télé, La Tuerka, animée par Iglesias.

Ce livre soulève d’autres interrogations, sur le rapport à la patrie, concept « qu’il ne faut pas laisser à la droite », ou encore sur l’idée que les pays du sud de l’Europe deviendrait les nouvelles colonies des capitalistes du Nord. 

De bons sujets de débat, avec quelques contradictions, notamment vis-à-vis de la bourgeoisie espagnole et du rôle de la Couronne dans la colonisation latino-américaine. Mais un livre important qui devrait faire l’objet, par les anticapitalistes ici en France, d’une analyse poussée.

Alexandre Raguet