Annie Coll, L’Harmattan, 2016, 15,50 euros.
Au moment où le capitalisme veut nous entraîner, une fois de plus, vers une guerre du bien contre le mal, Annie Coll nous démontre avec brio que le capitalisme ne peut justifier ses horreurs qu’en entretenant cette idée : certains êtres humains sont mauvais, il ne faut pas chercher à savoir pourquoi, ils le sont, un point c’est tout ! à partir de là ; il faut punir, éradiquer, bombarder.
«La sanction sera exemplaire » est la phrase qui revient ces temps-ci le plus souvent dans la bouche des deux pères fouettards, pantins dérisoires, que sont Valls et Hollande ! Un peu court non ? Le loup libéral utilise toute sa perverse malice pour monter les pauvres les uns contre les autres afin de continuer ses juteuses affaires en toute tranquillité. Et Annie Coll le démasque.
Les frères Kouachi avaient-ils déjà envie de tuer avant de découvrir le cadavre de leur mère prostituée, enceinte, qui venait de se suicider dans leur taudis du 19e arrondissement de Paris ? Une certaine psychanalyse affirme que la pulsion du mal est en chacun de nous : Banco ! Débarrassons-nous du capitalisme et on y verra plus clair ! De toute façon, nous, révolutionnaires, nous n’avons pas le choix. La seule manière de faire « du passé, table rase » est de repartir à zéro.
On remet tout à plat, non pas pour créer un homme nouveau, nous communistes et trotskistes sommes bien placés pour savoir quelle tragédie cette idée a provoquée, nous en payons encore la lourde facture...Non, ce qu’Annie Coll veut nous aider à révéler est le meilleur en nous et dans chaque enfant qui vient de naître. D’abord, lui donner de l’amour sans lequel on ne peut rien. Si l’amour vient à manquer, alors l’empathie, la bienveillance et le soutien de l’entourage, donc de la société toute entière, doivent prendre le relais.
Les « quatre canines du loup »
Ce livre nous permet de mieux comprendre un paysage politique que « le loup libéral » a intérêt à brouiller. Nous voici riches d’une foule d’arguments pertinents pour retoquer les obscurantistes de tout poil.
Non, le repli sur soi, la condamnation impitoyable du moindre « faux pas », les « quand on veut, on peut », la compétition de tous contre tous, l’élitisme et la répression que le capitalisme nous impose, ne sont pas une fatalité.
Le capitalisme est aussi une idéologie, qui peut apparaître comme le seul système possible. Ce livre démasque l’idéologie libérale pour montrer qu’un autre modèle est envisageable et souhaitable.
Quatre préjugés sont à l’œuvre, ce sont les « quatre canines du loup », dit Annie Coll avec humour. Grâce à elles, il déchiquette la vie des gens. Un redoutable prédateur. La faim pour près d’un milliard d’hommes,le creusement des inégalités sans précédent, l’absence totale d’espérance d’une société plus juste...
Voici ces quatre canines pointues, ces idées fausses qui justifient la violence capitaliste : l’homme est un loup pour l’homme ; le libre arbitre nous rend responsables de nous-mêmes ; nous sommes des êtres indépendants et autonomes ; la morale est relative.
Débarrassons-nous définitivement de ce loup libéral, et avec bonheur !
Fabienne Le Jeannic