De Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustrations de Étienne Lécroart La ville brûle, 2014, 8,50 euros. Commander à la Librairie La Brèche.
Les deux sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, connus pour dénoncer l’entre-soi des riches et des puissants, ont écrit un petit ouvrage à l’intention des jeunes... mais qui peut tout aussi bien être lu par les moins jeunes. Sous la forme d’un questionnement tel que les enfants le formulent, les deux auteurs expliquent de manière très claire la façon dont les riches se sont enrichis – et continuent de s’enrichir – ainsi que la perpétuation de la reproduction des classes sociales. Non la richesse des uns et la pauvreté des autres ne sont pas une fatalité...
Mais d’où vient cette richesse, comment plus de richesse d’un côté entraîne plus de pauvres et de pauvreté de l’autre côté ? Les riches ou les patrons sont-ils nécessaires ? Cette société divisée en classes sociales est-elle inéluctable et un autre monde est-il possible ? Voilà quelques questions posées à la jeunesse qui est censée construire le monde de demain. Tout au long du discours, quelques chiffres soulignent l’aberration de la concentration des richesses et le gaspillage que cela signifie.
Adressé à la deuxième personne du singulier, il se veut être un véritable manuel, sorte de mode d’emploi de la pensée critique et de l’engagement politique. Les dessins humoristiques d’Étienne Lécroart rendent la lecture d’autant plus ludique. Un poème de Robert Desnos est mis en exergue, illustrant bien les propos du livre :
Le Capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d’Extrême-Orient.
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un œuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D’où sort, inévitablement
Un autre qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l’on ne fait pas d’omelette avant.
Un petit livre bien utile pour la compréhension de notre monde... et pour agir dans l’objectif de le transformer.
Béa et Phil