Actes Sud, 2015, 23 euros. Acheter sur le site de la librairie La Brèche. Ceux qui croient que le retour d’exil est la fin d’une parenthèse se trompent. Surtout quand on ne retrouve plus la société et la lutte qu’on avait menée, quand la défaite a été sans appel, quand la société a été détruite, normalisée, restructurée et que l’exil n’était pas une retraite temporaire. « Le revenant » est alors, une nouvelle fois, un immigré, un déraciné…
Vingt ans après son retour de « l’autre monde », après y avoir exercé de nombreux boulots – il a même été rédacteur d’Inprecor – Yiğit Bener, devenu interprète et écrivain, nous livre une réflexion autobiographique, politique, et une analyse critique de la transformation de la Turquie.Il nous parle aussi de la fin d’une tradition de la lutte des classes, ainsi que des nouveaux conflits de substitution : les laïques – marqués par le nationalisme kémaliste qu’une certaine « gauche patriotique » reprend à son compte – contre les religieux. « L’inconvénient, c’est que, comme beaucoup de courants de pensée qui ont une apparence moderniste se figent dans une armature scolastique et se transforment en autant de “religions profanes”, j’ai le sentiment d’être partout cerné par la rigidité des dogmes intégristes ; j’ai parfois du mal à respirer… »
« Tout peut encore changer »Il visite les histoires individuelles et l’Histoire, cherchant à faire apparaître les contradictions, mêlant critique et autocritique. Il revendique ne plus être un militant, mais « ne veux pas cesser d’espérer que tout peut encore changer (…) qu’un jour ou l’autre ceux qui font aujourd’hui l’apologie de ce système économique basé sur l’exploitation, et qui essayent de nous faire gober que d’entretenir leurs privilèges est dans l’ordre naturel des choses, seront classés demain dans la même catégorie que la noblesse parasitaire et les esclavagistes du passé : placés dans la poubelle de l’Histoire, juste à côté des cochons “plus égaux que les autres” de la Ferme des animaux… »
Jan MalewskiYiğit Bener présentera son livre le samedi 28 mars à 18 h à la librairie La Brèche 27 rue Taine 75012 Paris