Hubert Ben Kemoun, illustré par Zaü, Rue du Monde, 2015, 19 euros.
De 12 à 92 ans... L’amour toujours l’amour : un très beau roman, où tout est beau !
L’objet lui-même, taille BD mais roman graphique, c’est-à-dire sans « bulles », le texte s’inscrit dans des pavés alternant avec les illustrations pour former un effet graphique inspiré des tableaux de Mondrian. Les illustrations de Zaü, illustrateur fidèle de Rue du Monde, de la sobriété, trois couleurs – noir, rouge et beige – pour un maximum d’efficacité.
L’histoire, enfin plein d’histoires qui s’entremêlent et disent le principal objet de nos émotions : l’amour, l’espoir d’amour, la stratégie de séduction, le premier amour, l’amour déçu, l’amour trahi, l’amour perdu, l’amour manqué ! Le texte, très simple mais parfait, alternant dialogues et monologues intérieurs, chacun y retrouvera du vécu.
L’amour, ce n’est pas qu’intellectuel et rien n’échappe à l’auteur : les odeurs, le corps, la sexualité sont sous-jacents, suggérés avec une finesse parfaite qui les rendent parfaitement concrets sans être l’objet central. C’est d’abord un livre pour les adolescents.
Le tout situé, on est chez Rue du Monde, dans un contexte bien identifié, lui-même générateur de matière à sentir et à penser. Les personnages sont issus de « la diversité » comme on dit, et si ce n’est jamais le sujet, cette « diversité » se devine dans les illustrations et les prénoms. Les personnages évoluent dans un environnement féroce où les tags « La France aux Français » et autres joyeusetés leur permettent d’exercer leur répartie et leur humour...
Un livre comme ça, c’est de l’or !
Catherine Segala