De Benjamin Desmares, Rouergue, collection DoAdo noir, 2017, 8,70 euros.
«’Ba-Ba-Bam’. Trois coups dans le ventre. La signature de Blaise. ’Ba-Ba-Bam’. Pour que se dissipe la rage, pour que s’évapore durant quelques minutes l’angoisse qui étreint et la douleur qui ronge. Une soupape. Une respiration. Illusoire… », c’est ainsi que Benjamin Desmares décrit les émotions qui emportent le héros de son livre.
Une cible choisie au hasard dans la cour du collège et trois coups de poing dans le ventre qui envoient sa victime à terre. Quand le collège ne veut plus de lui, c’est en ville que sa hargne explose. Blaise ne s’exprime que par la violence. Tout le monde le craint, les garçons de son âge comme les adultes. À la maison, sa mère, qui l’élève seule, en bave aussi. Renvoyé une semaine après avoir molesté un camarade, Blaise s’ennuie. Il zone, va voir des copains plus vieux que lui, boit de la bière et fume des joints. Des cauchemars habitent ses nuits, derrière le masque de la violence, il cache un mal-être et de profondes fêlures. Sa brutalité traduit une colère sourde et une fragilité à fleur de peau. Son assurance n’est que de façade, une fuite d’un ado sensible et angoissé.
Un texte court, tendu, un récit, précis, des mots secs, durs, qui vous obligent à comprendre, à vous mettre dans le peau de Blaise et à partager sa colère, sa révolte, qui n’ont d’autres moyens de s’exprimer que physiques, trouvant des cibles, victimes désignées... Le narrateur parlant de lui à la deuxième personne du singulier, ne le lâche pas, décidé à le suivre jusque dans ses retranchements. Nous partageons sa colère, sa quête de l’apaisement, jusqu’à ce que s’ouvre enfin le chemin de la parole...
Yvan Lemaitre