Publié le Dimanche 9 novembre 2014 à 10h55.

Théâtre : Les Enfants de la Terreur

Spectacle multimédia de Judith DepauleCelles et ceux qui, dans le sillage de 1968, choisirent la lutte armée au sein de la Fraction armée rouge (RAF), des Brigades rouges et de l’Armée rouge japonaise... Un spectacle sur l’histoire de six militants, avec focus sur l’année 72, année du passage à l’acte pour ces trois organisations et de la prise d’otage aux JO de Munich.

Ces enfants, qui nous racontent leurs désirs, leurs rapport à la mort, leur vision de la révolution, et qui voulait à juste titre combattre l’impérialisme américain au Vietnam ou encore soutenir le peuple palestinien, sombrèrent peu à peu dans un terrorisme aveugle et surtout se coupèrent de plus en plus des travailleurs. Même dans leur langage, dans leurs mots (le texte reprend et retravaille remarquablement la parole de ces militants), la césure est flagrante.Les années 60/70 sont aussi celles de la révolution des corps (Marcuse), et la chorégraphie de ce spectacle tend à rendre hommage à cette libération corporelle des carcans bourgeois. La violence de l’incarcération et de la répression policière y est jouée justement et est scénographiquement très forte. La musique est aussi une plongée dans l’univers Krautrock qui apparaît alors en Allemagne et tente de bousculer le rock traditionnel.

Une résonance actuellePar sa beauté et les émotions qu’il procure, ce spectacle (musique, danse, vidéo, modélisme et même jeu vidéo) nous transmet le caractère romantique de l’engagement de ces militants révolutionnaires sans révolutions. Cette imagerie romantique, aussi belle soit-elle, aussi remarquablement proposée ici, ne doit pas nous faire oublier que la révolution ne se fera pas au nom des travailleurs, qu’elle sera l’œuvre des travailleurs eux-même.Ce spectacle trouve par ailleurs une résonance actuelle dans cette période de répression policière, d’agressions militaires impérialistes, de colonisation et d’occupation en Palestine, qui nous rappellent tous les jours que le combat pour l’émancipation de la classe ouvrière n’est pas terminé.

Kevin Rennes

TNB – Théâtre national de Bretagne, Rennes : du 4 au 8 novembreThéâtre de Goussainville – Espace Sarah Bernhardt : vendredi 14 novembre à 20h30Théâtre d’Argenteuil – Centre culturel Le Figuier Blanc : vendredi 21 novembre à 20h30L’Apostrophe – scène nationale Cergy-Pontoise et du Val d’Oise – au Théâtre des Louvrais : jeudi 27 novembre à 19h30