Comme chaque semaine ou presque, nous publions le texte que notre camarade, qui milite au Collectif Palestine 12 (Aveyron), lit à l'occasion des rassemblements hebdomadaires dans la ville de Millau. Ce sont « des cris du cœur » !
« Des missiles de F16 sur des enfants. Je demande à l’occupant s’il y a une personne armée, comme ils le prétendent, parmi ces enfants innocents. Qu’a fait cet enfant ? », interroge Nasser, sur les lieux d’un énième massacre, désignant des dizaines de corps d’enfants. « Où est le monde ? On donne aux États-Unis le droit de veto contre un cessez-le-feu. Est-ce là le but des États-Unis et de l’occupation ? Qu’a fait ce garçon ? Il est né pendant la guerre ! »1
Encore une semaine à pleurer des larmes de sang. Depuis l’émission des mandats d’arrêt par la CPI, Israël fait déferler une violence inouïe sur les PalestinienNEs de Gaza – si tant est que des crimes aussi démesurément inhumains soient quantifiables, tout coutumiers d’Israël qu’ils soient. Le message est clair : le gouvernement israélien entend poursuivre la destruction totale de Gaza, l’annihilation d’un peuple, d’une culture, d’une histoire, d’un avenir.
Le droit de se défendre ou l’impunité totale
En opposant au droit toujours le même absurde chantage à l’antisémitisme, Israël tente de faire valoir son statut d’éternelle victime – qu’on ne peut blâmer et qui ne peut per se être bourreau. Et ça marche. Ce statut d’éternelle victime s’accompagne d’un double privilège pour Israël, accordé par ses alliés. Le droit de se défendre, même si le droit international lui dénie explicitement ce droit, en tant que puissance occupante, et l’impunité, même face aux pires crimes : crime de génocide, crimes contre l’humanité, crime d’apartheid, crimes de guerre, atrocités criminelles. Et peu importe si, sans égalité en regard du droit, la loi n’est plus le droit, mais autre chose : un outil de domination.
La France ne coopérera pas avec la CPI (Cour pénale internationale), pas plus qu’elle ne se conforme à l’avis de la CIJ (Cour internationale de Justice) du 19 juillet ni à la résolution de l’ONU du 18 septembre. Reconnaître que les dirigeants israéliens sont des criminels, reconnaître le génocide reviendraient à reconnaître la culpabilité de la France en tant que complice de génocide. Et cela ne vaut pas seulement pour l’État français, mais aussi pour les médias qui, lorsqu’ils sortent Gaza du black-out qu’ils lui imposent, ne font que relayer les mensonges israéliens.
Honte à la France, qui persiste et signe et choisit le camp de la force et non du droit. Qu’elle y reste, dans ce camp, jusqu’à ce qu’elle soit jugée à son tour.
La non-reconnaissance des PalestinienNEs
L’OLP (Organisation de libération de la Palestine) a reconnu Israël en 1993. Le Hamas reconnaît de facto Israël depuis sa Conférence de 2005 et, officiellement, depuis l’amendement à sa Charte de 2017. En reconnaissant Israël dans les frontières de 1967, les PalestinienNEs, malgré des décennies de loi martiale et d’occupation militaire, acceptent de se contenter de 22 % de la Palestine historique. Rendons-nous compte. A contrario, quels pays occidentaux reconnaissent la Palestine ? La liste est courte2.
Quel pays voit son président assiégé, empoisonné ? Ses députés arrêtés par dizaines ? Les leaders de tous les groupes palestiniens, bien avant la création du Hamas, ont été désignés comme terroristes par l’occupant et assassinés par centaines, souvent dans les capitales d’États souverains : Basil al Kubaisi du FPLP, à Paris en 1973 ; Khaled Nazzal du FDLP, à Athènes en 1986 ; Wadie Haddad du FPLP, à Berlin en 1978 ; Hussein al Bashir du Fatah, à Nicosie ; Ghassan Kanafani du FPLP, à Beyrouth en 1972 ; Abu Jihad du Fatah, à Tunise en 1988. Pour n’en citer qu’une infime poignée. Et pourtant, qui a reconnu qui ?
D’autre part, c’est bien le Hamas qui a proposé, à de nombreuses reprises durant des décennies, une « tahadi’a », un cessez-le-feu bilatéral de longue durée3.
La France soutient Israël dans son occupation illégale, son expansionnisme hors-la-loi. La France soutient Israël dont les bombes ont assassiné plus de 1000 soignants depuis treize mois à Gaza, auxquels s’ajoutent plus de 310 soignantEs enlevéEs, torturéEs et exécutéEs4. La France soutient Israël qui assassine en masse les civilEs dans les zones dites sûres : 42 % des victimes palestiniennes ont été tuées sur les 11 % de territoire désigné comme humanitaire sûr par l’occupant5. La France soutient Israël qui banalise l’assassinat de masse des enfants : 60 % des PalestinienNEs de Gaza ont moins de 16 ans. La France soutient Israël qui tue par la faim toute une génération d’enfants et a refusé 82 convois d’aide sur 91 ce mois-ci6.
Le médecin américain Mohammed Khalil, de retour de Gaza : « Dans le Sud, nous sommes témoins d’un génocide. Dans le Nord, d’un véritable holocauste7 ».
Je voudrais terminer par une pensée pour les jeunes enfants du Dr. Ahmed al-Kahlout, directeur des soins intensifs à l’hôpital Kamal Adwan, assassiné hier à l’hôpital par l’occupant8. Une pensée pour Alma Jarer, 12 ans, seule survivante d’un massacre qui a assassiné 140 personnes et décimé toute sa famille : « Ce qui me manque le plus, ce sont les câlins de mes parents. C’était si bon d’être dans leurs bras. Quand cette guerre sera finie, je n’aurai nulle part où aller »9.
Marie Schwab, 30 novembre 2024
- 1. Israel defies ICC. Israel bombs Gaza after the ICC issues arrest warrants (vidéo), Al Jazeera, 23 novembre 2024.
- 2. Suède, Islande, et plus récemment Irlande, Espagne, Norvège.
- 3. Lire absolument : Abdelaziz Al-Rantissi, Survivre à Gaza, Koutoubia, 2009.
- 4. Mohammed Majed, Over 1000 doctors and nurses killed in Israeli attacks in Gaza, local authorities say, Anadolu Anjasi, 24 novembre 2024.
- 5. Cf. Chris Hedges at UCSB: To Kill a People (vidéo), 23 novembre 2025.
- 6. UN: Israel blocking aid to north Gaza, threatening survival of 65.000-75.000 people, Al Jazeera, 28 novembre 2024.
- 7. US surgeon says ‘hard to describe’ level of destruction in northern Gaza, Al Jazeera, 29 novembre 2024.
- 8. Israeli attack kills Kamal Adwan Hospital’s ICU director (vidéo), Al Jazeera, 29 novembre 2024.
- 9. I found my family in pieces. In pieces’: Gaza’s orphans speak (vidéo), TRNN, 13 novembre 2024.