Publié le Lundi 14 novembre 2016 à 19h05.

La vie après Bernie : le « Sommet du peuple » en quête d’avenir politique

Par Dan La Botz, pulié par Inprecor

Une ambiance incroyablement optimiste a dominé la réunion des quelque 3 000 partisans de Bernie Sanders réunis à Chicago le week-end des 18-19 juin. Devant une foule enthousiaste, de nombreux orateurs ont proclamé que le mouvement était victorieux, même si Hillary Clinton, la candidate présumée du Parti démocrate, a reçu la majorité des votes et obtenu la majorité des délégués et super-délégués, et si de plus le président Barack Obama, le vice-président Joe Biden et la sénatrice Elisabeth Warren lui ont déjà manifesté leur soutien.

Ce décalage – entre la conviction du mouvement pour Sanders d’avoir réalisé quelque chose d’important et la claire victoire de Clinton – constitue le contexte contradictoire de cette conférence des progressistes, radicaux et socialistes, dont je suis, cherchant une voie pour l’avenir. 

 

Une vision – pas d’organisation ni de stratégie

Dans ce vaste centre de conférences de la place McCormick, les séances plénières avaient lieu dans l’immense hall pouvant contenir 3 000 personnes assises autour de tables rondes, avec des écrans géants grossissant plusieurs fois l’image des intervenants. Tout cela donnait àcette conférencel’allure d’une Convention politique. Quasiment chaque minute de la Conférence avait été organisée et planifiée dans les moindres détails ; les orateurs et les discussions étaient chronométrées de manière à tenir dans chaque session. Les participants pouvaient accéder aux informations et répondre à des questions à travers une application créée pour l’occasion. Ce formatage offrait un espace limité à la discussion, sauf au cours de quelques tables rondes ou lors des ateliers en petits groupes. Il n’y avait pas de place pour la spontanéité et la créativité, ni pour des suggestions ou des propositions. Si le mouvement Occupy a inspiré le mouvement autour de Bernie, il n’avait pas inspiré ce sommet.

Les cultures politiques étaient diverses et si elles ne se sont pas heurtées, c’est parce que les organisateurs – syndicat national des infirmières (NNU), People’s Action ainsi que des politiques – ont guidé les militants de base de la campagne Sanders à travers un ordre du jour très structuré. Pourtant, même dans un tel cadre, il y avait un esprit d’indépendance. Malgré l’apparente défaite de Sanders, les sanderistes – qui étaient venus de tout le pays, de la Californie et de New York, du Minnesota et du Texas, 40 ans en moyenne (beaucoup de 50-70 ans ainsi que de 20-30 ans – le vieux baby-boom et la génération Y, dont environ 15 % de « gens de couleur ») – sont toujours enthousiastes et désireux de « révolution politique » et de lutte contre la « classe des milliardaires ».

Alors que la conférence a reflété le vaste horizon du mouvement sanderiste et a offert l’occasion pour discuter et participer, elle n’a jamais été conçue comme un organe de décision démocratique, ce qui a déçu certains. Visant à refléter le mouvement et à mettre en avant certaines idées politiques plus radicales, cette conférence n’avait pas pour but de fournir une orientation d’avenir, et elle ne l’a pas fait. Il s’agissait des idées, pas d’organisation ou de stratégie.

 

Voter Hillary ? Militer pour des candidatures progressistes ? Construire le mouvement ? 

Tout au long de la conférence, de nombreux orateurs laissaient entendre – sans le déclarer franchement – que nous devrions voter pour Hillary, faire campagne pour les candidats soutenus par Bernie et construire le mouvement. Mais il n’a pas été clair que tout le monde acceptait ce conseil. Quand Dominique Scott, une étudiante de l’Université de Mississipi, a dit lors d’une séance plénière que ni Trump ni Clinton ne pouvaient refléter son mouvement ou ses valeurs, suggérant qu’elle ne voterait pas pour Hillary, les applaudissements et les acclamations de la foule ont éclaté. Beaucoup de présents ne voteront pas pour Hillary ou, s’ils le font, ce sera contre leur volonté et ils quitteront l’isoloir avec un profond dégoût pour le Parti démocrate qui leur aura imposé cette position.

Pour offrir des options, certains des intervenants ont suggéré que, indépendamment de voter ou pas pour Hillary, le peuple doit soutenir les candidats de Bernie – qui annonce maintenant qu’ils sont 7 000 – et d’autres candidats progressistes locaux, ou, si les militants le préfèrent, ils peuvent se consacrer aux mouvements sociaux. Depuis le début la campagne de Bernie a mis l’accent sur le bénévolat, l’autonomie et la confiance que les militant-e-s feront les bons choix et ce sentiment a également prévalu lors de ce sommet. Il n’a pas été dit que tel ou tel doit faire ceci ou cela – c’était à la fois une force et une faiblesse de ce rassemblement.

Dans une conférence de ce genre, qui n’est pas un congrès fondateur de quoi que ce soit, son esprit et son orientation ne peuvent être saisis que dans les interventions des orateurs, les réactions du public, les débats dans les ateliers et autour des tables et les discussions pendant les pauses. Il n’y a ni manifeste ni proclamation, pas de motions ou de résolutions, alors ce qui pouvait être saisi c’est plus un « air du temps », qui flotte dans les salles de réunion et les assemblées plénières, nous prend de revers, se fraye son chemin vers l’avenir, parfois avec élégance et parfois maladroitement. Alors que pouvait-on retenir, sentir, apprécier ?

  

Un tressage des mouvements

Ce sommet reflétait le mouvement par la diversité des orateurs sur toutes les importantes questions sociales : le racisme, le patriarcat, le mouvement LGBTQ, le mouvement ouvrier, les questions environnementales et particulièrement ce qui concerne l’économie fondée sur les énergies fossiles et le changement climatique. Les organisateurs de la conférence voulaient clairement transmettre aux sanderistes le sentiment que tous les mouvements sociaux doivent agir ensemble pour créer un large mouvement politique avec un programme complet de changement social, une notion qui suggère la nécessité de créer un parti politique, même si ce n’est pas là que ça se passait.

La session plénière de vendredi soir a été ouverte par RoseAnn DeMoro, dirigeante du syndicat des infirmières (NNU), principal organisateur de ce sommet, dont le discours, peut-être inspiré par le jeune Karl Marx et par David Harvey mais formulé de façon concrète, parce qu’elle passe sa vie à parler avec les infirmières, était centré sur la manière dont la politique économique néolibérale a détruit l’humanité de notre société en mettant tout en vente, en transformant tout en marchandises, pas seulement le travail et la consommation, mais même notre temps libre. Sa présentation du néolibéralisme et de son impact économique était sans aucun doute l’explication de l’économie politique la plus pointue présentée par un dirigeant syndical depuis des décennies. Et DeMoro a encore trouvé le temps pour dire que « les politiciens libéraux sont en général mauvais, ils vous vendent alors que vous pensez qu’ils sont avec vous, donc faites gaffe » et que au cours de cette campagne nous avons beaucoup appris sur « la corruption massive dans le Parti démocrate ».

Juan Gonzalez, co-animateur de Democracy Now ! (Démocratie maintenant !), a ensuite présenté les intervenants en se référant à sa propre expérience de jeune militant étudiant de Columbia University lors de la Convention du Parti démocrate en 1968, lorsque « le pays semblait être au bord de la guerre civile »« Nous, dans le SDS (Étudiants pour une société démocratique), avons refusé de voter », dit Gonzalez. « Nous ne voulions pas soutenir McCarthy. Nous ne voulions pas soutenir Humphrey. Notre mot d’ordre était “Votez avec vos pieds, votez dans la rue”. Je dois ici vous dire : le slogan était juste, mais la tactique était mauvaise. Retrospectivement on peut dire qu’il n’y aurait pas eu de changement substantiel, mais il aurait mieux valu que Richard Nixon ne soit pas élu. Espérons que nous apprenons de nos erreurs et qu’une nouvelle génération apprend des erreurs du passé. » Cette remarque de Gonzalez, impliquant la nécessité de voter pour Hillary Clinton, a donné le ton. La foule n’était pas nécessairement convaincue. Lorsqu’il a conclu en demandant : « Où allons-nous ? Voulons-nous réformer ? Voulons-nous transformer ? Ou bien, voulonsnous renverser et remplacer ? », les milliers présents dans l’auditorium ont applaudi la dernière phrase. Ils prennent au sérieux l’idée de la « révolution politique ».

Pour Naomi Klein, auteure de la Stratégie du choc et de Tout peut changer, et pour la militante et actrice Rosario Dawson, il est très important que les infirmières, qui passent leur vie à soigner et à guérir les gens – le contraire de l’économie marchande – soient au premier rang de ce mouvement politique et social. Bon nombre des présents essaient de se remettre des plaies subies lors de l’élection primaire et les infirmières aident à guérir ces plaies. Car elles guérissent non seulement leurs patients, a dit Klein à la foule, mais en organisant cette conférence elles permettent de promouvoir un ordre du jour humanitaire qui pourrait guérir les blessures de la planète et de notre société. L’alternative au néolibéralisme, disait Klein, c’est l’esprit « globalisant et intersectionnel » de notre mouvement. Selon elle, la campagne de Sanders a fait redécouvrir l’idée du socialisme, « poussant Hillary vers la gauche et forçant Donald Trump à parler du libre-échange ».

John Nichols a dit aux sanderistes – sans expliquer pourquoi et comment – que le mouvement « allait se renforcer ». Il a ressorti le vieil argument selon lequel c’est parce que Eugene Debs et Norman Thomas ont été plusieurs fois candidats à la présidentielle, argumentant en faveur du socialisme, que le démocrate Franklin Delano Roosevelt, lorsqu’il a été élu président, a intégré dans sa politique gouvernementale pas mal de leur programme socialiste. « Nous gagnons toujours parce que nous avançons toujours » a conclu un Nichols emphatique et parlant trois fois plus fort que les autres orateurs. Il a ignoré un contre-argument, tout aussi ancien, que Roosevelt a sauvé le capitalisme et qu’il a conduit la nation dans la Seconde Guerre mondiale et que durant ce conflit le gouvernement, le capital et les travailleurs ont fusionné pour un partenariat qui a créé le système de domination des grandes entreprises auquel nous faisons face aujourd’hui. Mais de manière démagogique il avait dit à la foule ce qu’elle voulait entendre : qu’elle a gagné et va continuer à gagner, suggérant que ce sera en forçant Clinton à reprendre leur programme tout comme une autre génération avait forcé Roosevelt à le faire.

C’était certainement le point de vue de Frances Fox Piven, professeure à la City University de New York et auteure avec Richard Cloward du fameux Les mouvements populaires. Pourquoi ils réussissent, comment ils échouent (1977). Elle a fait valoir, comme elle le fait depuis la publication de ce livre, que le peuple doit voter pour le Parti démocrate tout en construisant un mouvement capable de forcer un programme de réformes. « Ils ont besoin de nous pour coopérer » – disait-elle – « Nous devons les menacer que nous ne coopérerons pas ». C’est ce point de vue qui la différencie du petit nombre de militants d’extrême gauche présents, qui, comme moi, ne voient pas l’intérêt de « menacer » et « coopérer » alternativement avec le parti des grandes entreprises, mais s’intéressent à la construction d’un parti des travailleurs capable, comme l’a dit Juan Gonzalez, de « renverser et remplacer » l’ordre politique et économique existant.

Tout en reflétant les idées du mouvement, certains orateurs ont également mis en avant quelques idées qui ne faisaient pas partie de la plateforme de Sanders et pouvaient être nouvelles pour la plupart des sanderistes. Par exemple, Tobita Chow du People’s Lobby, était en désaccord avec Bernie Sanders sur le démantèlement des grandes banques, proposant à la place la nationalisation des banques et des autres grandes entreprises. Il a également suggéré que le mouvement sanderiste devrait se voir comme faisant partie du mouvement ouvrier mondial contre le néolibéralisme, en collaborant avec les travailleurs du Bengladesh, du Vietnam et de la Chine.

 

Faire de la politique

De nombreux élus ont également pris la parole : Jesus “Chuy” Garcia, commissaire du Comté de Cook ; Nina Turner, ancienne sénatrice dans l’État d’Ohio ; et Tulsi Gabbard, députée de Hawaï. Alors que Garcia et Turner, chacun dans son style, ont mis en avant des positions progressistes sur les questions d’actualité, Gabbard a introduit quelque chose de nouveau dans la conférence en critiquant et en condamnant fermement le rôle des États-Unis en Irak. Son puissant discours anti-interventionniste, bien que conforme à la ligne de Sanders condamnant les changements de régime imposés, visait particulièrement tout mouvement militaire étatsunien en Syrie. Cependant il y a là un problème : Gabbard est islamophobe, pro-Israël, pro-Sisi (Égypte), pro-Assad (Syrie) et pro-Modi (Inde).

Tout au long de la conférence, les orateurs de People’s Action, dont beaucoup sont des dirigeants d’ONG et de comités de lobbying politique locaux) ont mis en avant l’idée que l’avenir du mouvement passait par le soutien à des candidats locaux. Ils avaient en tête des démocrates, semble-t-il. Mais l’option du scrutin local pourrait également s’adresser à beaucoup de militants des mouvements sociaux, depuis les écologistes jusqu’aux syndicalistes, en passant par les militants LGBTQ et ceux qui luttent contre l’emprisonnement des Noirs. Certains pourraient saisir la suggestion de candidatures indépendantes ou socialistes, comme cela s’est passé lors de la dernière élection à Chicago, où plusieurs enseignants en lutte se sont présentés et où le militant de la communauté latino, Jorge Mujica, était candidat socialiste.

 

Les absents

Surprise : on ne pouvait pas ne pas remarquer l’absence du Chicago Teachers Union (CTU), un des syndicats les plus militants dans le pays, dont la grève a marqué il y a quelques années et dont les manifestations très militantes regroupant des milliers de personnes continuent d’affronter le maire Rahm Emmanuel ainsi que l’establishment politique et entrepreneurial de la ville – une véritable guerre pour décider si l’argent doit aller aux enfants ou aux banquiers. Les organisateurs de la conférence ont tenté d’avoir la participation de la présidente de CTU, Karen Lewis, mais à cause d’autres engagements elle ne pouvait être présente, et ils n’ont pas réussi à travailler avec la direction du syndicat pour trouver un rôle au CTU dans le sommet. Ainsi le syndicat n’était pas présent, mais il y avait certainement quelques enseignants de Chicago.

Curieusement le syndicat CWA (Communications Workers of America), qui avait soutenu Sanders, n’était pas non plus organisateur de l’événement et n’y avait aucune place. Le CWA est également un syndicat militant qui vient juste de terminer une grève de 18 jours contre Verizon. Les infirmières de NNU s’étaient jointes aux piquets de grève du CWA, mais les travailleurs de Verizon n’ont pas rejoint le sommet. Si en plus des infirmières quelques centaines d’enseignants de Chicago et des travailleurs de CWA avaient participé à cette assemblée, son caractère aurait été different.

Il y a eu pourtant une réunion de Labor for Bernie (Travailleurs pour Bernie), même s’il s’agissait pratiquement d’un événement indépendant, organisé à la dernière minute à 7 h le dimanche matin. La quarantaine de dirigeants syndicalistes présents ont discuté des plans d’avenir, surtout autour de la question de la construction des organisations politiques locales. Alors que Bernie est hors course, même les six syndicats qui l’ont soutenu et les six autres qui, sous pression interne, ne se sont pas prononcés pour une pré-candidature, finiront sans doute par travailler pour Hillary Clinton aux côtés du reste du mouvement syndical. Cependant, parmi les syndicalistes engagés pour Bernie certains ne le feront pas. Chuck Zlatkin, assistant du président du syndicat des postiers APWU, a demandé : « L’AFL-CIO est devenue un accessoire du Parti démocrate et nos membres ont par-dessus la tête des démocrates comme des républicains. Ces deux partis ne nous servent pas. Après Bernie, qu’allons-nous faire pour former un parti de la classe ouvrière – un parti pour nous qui sommes le mouvement ouvrier, qu’il s’agisse d’un troisième parti, d’un parti du travail ou d’un parti des 99 % ? »

Labor for Bernie a construit un impressionnant réseau national de syndicalistes pour soutenir Sanders. Beaucoup de ses membres espèrent que ce réseau pourrait continuer à jouer un rôle pour engager les travailleurs dans la « révolution politique ». Néanmoins, cette mission plus vaste sera beaucoup plus difficile. 

 

L’extrême gauche et le Sommet du peuple

La faiblesse de l’extrême gauche était frappante. Le Democratic Socialist of America (DSA) a amené à la conférence une centaine de ses membres – beaucoup d’entre eux sont jeunes, nouveaux adhérents – et a tenu avec eux une réunion de plusieurs heures le vendredi, avant le début du Sommet. Le principal but de DSA était d’intégrer ses nouveaux membres dans son organisation ainsi que d’assurer une présence, bien qu’il n’ait aucune suggestion stratégique pour la suite du mouvement.

On remarquait la conseillère municipale de Seattle, Kshama Sawant, de l’Alternative socialiste (SAlt). Ce groupe, qui s’est fortement impliqué dans la campagne de Sanders, était présent en petit nombre et sans se mettre en avant comme c’est son habitude. Il a tenu en marge de la conférence une réunion qui semblait non officielle, regroupant entre vingt et trente personnes, pour débattre des alternatives à Hillary. L’Organisation socialiste internationale (ISO), qui ne s’était pas engagée dans le soutien à Sanders dans les primaires, avait un stand et quelques membres, mais aucune intervention organisée dans la conférence. Il y avait des membres d’autres groupes socialistes, comme le Communist Party USA et Solidarity, mais ce n’était pas une présence organisée.

DSA était à l’initiative d’un atelier intitulé « le socialisme démocratique des temps nouveaux » en y invitant Kshama Sawant, Bhaskar Sunkara de la revue Jacobin, ainsi que Debbie Medina, de Brooklyn, une militante de DSA candidate au Sénat pour l’État de New York. Mais Medina, malade, a été remplacée par Frances Fox Piven. Sunkara soutenait qu’il faut s’appuyer sur la riche tradition socialiste pour construire un mouvement socialiste de masse. Et tandis que Sawant expliquait les raisons d’une action politique indépendante, mentionnant la pétition lancée par son groupe pour que Bernie se présente en tant que candidat indépendant et parlant de la candidature alternative de Jill Stein du Parti Vert (Green Party), Piven a suggéré que les gens votent pour Hillary tout en travaillant pour construire un mouvement qu’elle ne pourrait pas ignorer. Lorsque d’autres groupes socialistes ont pris la parole, le débat devint hargneux et, comme un jeune homme me l’a dit, malheureusement cela s’est « terminé sur une note amère ».

 

Et maintenant ?

Les organisateurs du sommet n’avaient pas l’intention de proposer une forme organisationnelle pour faire avancer le mouvement, ce que les militants voulaient fortement. Mais des idées ont été lancées à divers moments de la conférence. Dans l’atelier sur la politique indépendante, Bob Master, un dirigeant à la fois du syndicat CWA et du Working Families Party (WFP) a proposé que le syndicat des infirmières NNU et les autres organisations à l’origine du sommet créent un comité national de coordination. Dans l’atelier sur la région de New York, Nancy Romer, une syndicaliste et militante écologiste, proposait une alliance des organisations et une ou deux campagnes nationales, peut-être autour des questions des droits des électeurs ou de la réforme des finances. 

Tous les présents considéraient qu’à chaque nouvelle étape politique – la Convention du Parti démocrate, l’élection présidentielle, la prise de fonction du nouveau président – le mouvement risque de perdre son enthousiasme, son énergie et ses adhérents. Tous aspiraient à une organisation nationale – pourtant, il n’y a aucune certitude que cela pourra être réalisé. Ce Sommet du peuple n’a pas indiqué de voie à suivre. Peut-être une alternative découlera des demandes au cours de la Convention démocrate à Philadelphie et des manifestations de protestataires organisées autour. ■

 

New York, le 21 juin 2016

 

Dan La Botz, militant syndicaliste, chauffeur de camion puis professeur d’université et journaliste, actuellement co-rédacteur en chef de la revue New Politics, est militant à la fois de Solidarity (organisation observatrice au sein de la IVe Internationale) et de Democratic Socialist of America (DSA, Socialistes démocratiques d’Amérique). Actif dans la campagne de Bernie Sanders, il soutient maintenant la candidature présidentielle indépendante de Jill Stein du Green Party (Parti Vert). Cet article a paru d’abord sur le site web de New Politics (traduit de l’anglais par JM).