Légalisés le 29 octobre 1981 par François Mitterrand et son ministre de la Justice, Robert Badinter, les centres de rétention administrative (CRA) ne sont rien d’autre que « des prisons qui ne veulent pas dire leur nom » comme le souligne fort justement la Cimade.
Soumis à l’arbitraire le plus total, plus de 2 000 migrantEs séjournent dans les CRA dans des conditions infâmes, attendant jusqu’à trois mois le sort que l’État voudra leur réserver. Les suicides et tentatives de suicide y sont monnaie courante, les conditions de vie insupportables, les soins pratiquement inexistants, la promiscuité maximale… à tel point que beaucoup des « pensionnaires » disent leur préférer la prison… C’est tout dire !
Les dispositifs de la loi asile-immigration qui doit être définitivement adoptée dans les prochains jours vont encore aggraver cette situation dramatique.
Les CRA sont leur arme… La solidarité est la nôtre !
Alarmés par ce constat, des militantEs du collectif basque Bizi (« Eux, c’est nous ») ont engagé une campagne de mobilisation depuis avril « en solidarité aux migrants et contre la loi asile immigration ». 80 volontaires se sont ainsi présentés devant le CRA de Hendaye en proposant d’y « prendre la place des migrants ». Quelques jours plus tard, cette action originale rencontrait un tel succès qu’une manifestation appelée le 1er mai à Bayonne réunissait plus d’un millier de personnes !
L’idée faisant tâche d’huile, un appel a été lancé par Bizi pour faire du 14 Juillet, date anniversaire de la prise de la Bastille, une journée nationale d’action contre les centres de rétention. Cet appel a été largement relayé : Bayonne, Sète, Lyon, Lille, Calais, Paris… Cette liste n’est pas exhaustive et de nouveaux appels locaux vont sortir dans les prochains jours. Le succès remporté par cet appel large et unitaire permet à chacunE, à chaque organisation, chaque association ou collectif de s’y inscrire pour en faire, suivant les conditions locales, une étape dans la reconstruction d’un mouvement antiraciste puissant qui nous fait tant défaut.
Tout au long de marche Vintimille-Londres, les marcheurs et marcheuses ont reçu un bon accueil des populations, comme des associations les plus diverses. Même à Calais, où on aurait pu penser qu’avec la propagande des médias et des autorités locales, matraquée jusqu’à la nausée, la marche ne serait pas la bienvenue, les témoignages de sympathie se sont multipliés jusqu’au centre-ville, des CalaisienEs allant jusqu’à rejoindre les manifestantEs. Comment douter ou se désespérer quand 200 habitantEs de Faux-la-Montagne (moins de 400 habitants) bloquent la gendarmerie de Felletin pour empêcher l’expulsion d’un des 4 jeunes Soudanais qu’ils ont « mis sous leur protection » ?
Manifestation à Paris
Le cortège parisien, qui se rendra le 14 juillet du ministère de l’Intérieur jusqu’au CRA de Vincennes, revêtira un caractère particulier. Cinq militantEs de plusieurs collectifs de sans-papiers de la région parisienne, dont la CSP75, qui devaient se rendre à Londres dans le cadre de la marche Vintimille-Londres, ont été arrêtés dimanche par la PAF (police de l’air et des frontières) et sont, à l’heure où nous écrivons, toujours détenus. Nous ne savons pas quel sort leur réservera la justice. Ces arrestations scandaleuses et racistes visent à intimider les militantEs des collectifs de sans-papiers, très actifs depuis des années, et présents dans toutes les mobilisations du mouvement social. Nous manifesterons donc pour exiger, si nécessaire, leur libération, ainsi que pour l’ensemble des revendications : ouverture des frontières, liberté de circulation et d’installation, fermeture des centres de rétention, abrogation de toutes les lois racistes, régularisation de tous les sans papiers. Personne n’est illégal !
Alain Pojolat