Publié le Lundi 20 octobre 2014 à 08h00.

Alençon (61) : mobilisation contre la criminalisation des mineurs étrangers isolés

Les étrangers, arrivés en France, seuls et mineurs, paient actuellement le prix fort de la politique d’austérité et d’immigration du gouvernement. Ces jeunes ont fui la guerre, la torture ou les violences sexuelles. Après un voyage aux mille dangers, ils espèrent enfin aller à l’école, faire des projets, avoir des rêves...

Le nœud du problème concerne l’âge de ces enfants immigrés vulnérables. Beaucoup n’ont aucun papier pour prouver qu’ils ont moins de 18 ans, d’autres un acte de naissance sans photo. Les départements remettent parfois en question leur minorité, se servant de tests osseux à partir d’une radiographie ou d’un scanner. Des tests dont de nombreuses autorités, comme encore récemment le Haut Conseil de la santé publique, ont souligné le caractère aléatoire et inadapté à d’autres fins que de recherche. Sur Alençon, plusieurs jeunes se sont donc vus déclarés majeurs, renvoyés du foyer de l’aide sociale à l’enfance (ASE), et menacés d’être expulsés vers le pays qu’ils ont dû fuir.Le collectif local RESF/UCIJ (Unis contre l’immigration jetable) a alors pris la décision d’assurer leur protection et leur accueil : « Pas un enfant à la rue sur Alençon ! ». Des jeunes sans famille sont, depuis avril, hébergés chez des militantEs. Le collectif se bat pour que leur situation soit réexaminée, leur minorité reconnue et qu’un titre de séjour leur soit accordé.

Jeunes en dangerMi-septembre, une lettre est arrivée chez l’une des hébergeuses, convoquant une des jeunes au commissariat pour la mise en application de l’obligation de quitter le territoire français (OQTF). 24 heures plus tard, une soixantaine de personnes se sont retrouvées pour interpeller le maire PS, puis devant la préfecture pour dénoncer des méthodes policières indignes et s’opposer à l’expulsion de ce jeune Nigérien de 16 ans et demi.Une campagne s’est mise en place, avec un appel parrainé par Monseigneur Gaillot et l’organisation de rassemblements devant la préfecture durant 4 semaines. Cette mobilisation a été très largement couverte par les médias locaux. Cela a permis d’avoir un rendez-vous avec le secrétaire général de la préfecture pour demander l’arrêt des tests osseux et la régularisation de tous les jeunes majeurs étrangers scolarisés, avec titres de séjour durables. Du côté de la mairie, silence radio !Ces jeunes sont en danger. D’autres initiatives vont être prises par le collectif pour empêcher leur expulsion et  pour qu’ils soient pris en charge par l’État.

Correspondante