Publié le Dimanche 30 novembre 2025 à 09h00.

À Alençon, organiser la résistance à l’extrême droite

La droite extrême de gouvernement et l’extrême droite convergeaient à Alençon en octobre. En l’espace d’une semaine, les opérations de maintien de l’ordre racistes du gouvernement Retailleau rejoignaient la première campagne municipale de l’extrême droite dans la ville d’Alençon. La fascisation n’est pas une hyperbole, elle n’est pas même un diagnostic lointain que l’on constaterait dans les médias : les opérations policières «d’envergure» n’ont pas lieu qu’en banlieue : dans une ville de 26 000 habitants, assez périphérique, les récents faits divers autour de voitures brûlées en ont fait une cible pour la déstabilisation droitière.

 

Une opération anti-drogue pour justifier le racisme de la police

Le lundi 13 octobre, c’est une soixantaine de CRS venus de toute la région pour une opération anti-drogue spectaculaire qui débarquaient au quartier de Perseigne : derrière des saisies minimes et les portes défoncées, la volonté de réaffirmer les capacités de déploiement de la police, et de discipliner des corps et des populations racialisé·es en imposant une surprésence policière. L’opération, globalement inefficace, ne s’est soldée que par une arrestation. Le samedi 16 octobre, Oscar Villoquet, jeune recrue du RN passée par Reconquête, candidat du parti d’extrême-droite aux municipales, tenait un meeting avec Matthieu Valet, ancien porte parole du syndicat des commissaires de police et député européen du RN.

 

Notre boussole : l'antiracisme

Le comité du NPA d’Alençon ne s’est pas laissé abattre : l’antiracisme et l’antifascisme sont nos boussoles dans la période, ils sont aussi nos réflexes de mobilisation. Face à cet agenda, nous avons opposé réunion publique et contre-rassemblement face à l’extrême-droite.

Grâce à la mise en place d’une réunion publique sur la lutte contre les racismes, il a été possible de concurrencer la visibilité du RN dans la presse locale. Sur place, en annonçant l’événement, de construire la confiance et de rendre visible notre inclusion réelle des musulman·es à travers l’islamité visible de notre camarade Hafiza et sa place dans la réunion publique, et d'autre part auprès de nos partenaires politiques et de notre milieu proche de préciser notre ligne politique. 

Concrètement, nous avons pu faire exister dans notre ville un discours complètement différent de celui de l’expérimentation sécuritaire, et le rendre visible : tant que nous manifestons notre opposition, même si la période nous reste défavorable, nous rendons possible la résistance. Mutualiser notre indignation, partager nos expériences : construire une conscience homogène entre nous des problèmes comme des solutions à apporter, pour nous mobiliser comme un camp social uni. En insistant sur la cohérence d’une analyse marxiste de l’islamophobie et de la fascisation, en mettant en relief l’intérêt des personnes blanches au racisme, nous avons pu à la fois affronter et donner du sens aux expériences quotidiennes de racisme et redonner du sens avec des perspectives de dépassement de la situation, de construction de cadres de lutte contre le racisme et sa banalisation — de l’islamophobie à l’antitsiganisme dans les écoles. Dans le même temps, nous avons organisé un contre-rassemblement devant la réunion publique du RN : en rassemblant plus de quatre-vingts personnes, nous avons pu représenter une opposition suffisamment crédible pour participer à déstabiliser Matthieu Valet, dont les piques masquaient mal la surprise de se trouver confronté à une opposition : de fait, notre exposition a été forte, les critiques de notre rassemblement vives.

 

Résister et se révolter au quotidien

Ces petits succès soulignent que l’on peut toujours résister, si nous choisissons de faire de notre orientation politique et de notre analyse de la situation notre aiguillon dans l’action. La campagne de lutte contre les violences policières, qui intègre une analyse critique de la police, s’articule tout à fait à notre contexte local. Face à une urgence qui est la marque d’un rapport de force très dégradé, il nous faut opposer la patience de la construction mais aussi redoubler de volonté pour vaincre l’apathie, la résignation et la complaisance à l’ordre racial et sécuritaire.