Dominique Delawarde est l’un des « éminents » signataires de la tribune des généraux à la retraite qui appelaient à une sécession de l’armée face à la prétendue guerre civile à venir. Quelqu’un au-dessus de tout soupçon donc, notamment pour des médias comme CNews. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il avait déjà été invité sur plusieurs plateaux pour s’exprimer à propos des idées fascisantes professées par la tribune, et ce même s’il affichait alors déjà sur son blog sa méfiance contre la « meute médiatique », ajoutant : « dont nous savons qui la contrôle ». Morandini n’avait donc aucun indice quant au risque de ce que les médias se sont empressés de qualifier de « dérapage ».
Ce qui devait arriver arriva donc : quand on donne la parole à des antisémites, il tiennent des propos antisémites. Invité à l’émission « Morandini live » sur CNews le 18 juin, Delawarde a été interrogé par l’un des journalistes, Claude Posternak, au sujet des personnes supposées contrôler la « meute médiatique ». Après plusieurs esquives et paraphrases pourtant déjà limpides, l’ex-général fini par lâcher : « C’est la communauté que vous connaissez bien ».
On ne peut qu’être choquéE par la surprise benoîte avec laquelle ont réagi les gens en plateau et Morandini, qui a fini par interrompre Delawarde en concluant : « On ne peut pas laisser dire ça en plateau ». Mais laisser dire quoi au juste ? Ou plutôt quoi de plus que ce qu’il venait déjà de dire précédemment : « Vous savez bien qui contrôle la meute médiatique dans le monde et en France. Qui contrôle le Washington Post, le New York Times, chez nous BFMTV et tous les journaux qui viennent se grouper autour, qui sont ces gens… ? » Le sous-entendu antisémite était clair, tant la référence aux juifs dominant l’ensemble des médias et, partant, le monde, était évidente. Mais tout cela, on ne l’entendra pas en plateau. Personne pour nommer et dénoncer ce qui vient de se passer : l’exposé de thèses crassement et « traditionnellement » antisémites. Pourtant nommer ces actes de racisme et les dénoncer est fondamental, d’autant plus parce que l’antisémitisme à la particularité de se propager aussi à travers les sous-entendus du complotisme.
Avant cette émission, Delawarde était déjà raciste et antisémite et ne s’en cachait pas. Pourtant, deux semaines plus tôt, Ouest-France lui donnait la parole avec un titre évocateur : « En Loire-Atlantique, un général "factieux" bien tranquille ». Un antisémite discret donc.
Nous devons plus que jamais lutter contre ces idées et refuser que les micros soient tendus à l’extrême droite, et combattre ces thèses complotistes et antisémites. Des paroles qui accompagnent des oppressions, ds violences bien réelles dans l’ensemble de la société.