Publié par la Gauche anticapitaliste, section belge de la IVe Internationale.
Ce dimanche 23 février 2020, avait lieu le défilé de carnaval à Alost et ce qu’on en a vu était à nouveau horrifiant.
3 mars 2019
Listé au patrimoine immatériel de l’UNESCO, le défilé du carnaval d’Alost de l’année passée avait choqué par ses multiples représentations racistes : un groupe de personnes était déguisé en membres du Klu Klux Klan, d’autres pratiquaient le blackface1, … On pouvait également y voir un char qui distribuait de la mousse au chocolat avec pour illustration des dessins/caricatures coloniales de personnes noires avec de grosses lèvres rouges. Ce char faisait également référence à la liste Forza Ninove2 et son score de 40% aux élections.
Il y avait enfin un char avec des représentations caricaturales de juifs religieux accompagnés de nombreux sacs représentant de l’argent3 a considéré que le défilé de l’année passée n’avait “pas violé de lois”
Pour le bourgmestre d’Alost (N-VA), il n’y avait “aucune intention d’offenser”. On a du mal à le croire mais peu importe au final. L’offense et les références historiques scandaleuses étaient bien présentes.
Dernière provocation : alors qu’une procédure était en cours à l’UNESCO pour retirer le carnaval d’Alost de la liste du patrimoine, les organisateurs ont décidé de se retirer eux-mêmes en décembre 2019
Toujours plus loin dans la provocation
C’est donc dans un contexte de banalisation raciste où la Belgique a légalisé un défilé raciste et s’est tue sur les nombreux scandales de blackface (rappel : le sauvage à Ath
Depuis quelques semaines, certaines organisations juives alertaient sur le risque que ce défilé raciste et antisémite se reproduise et appelaient à interdire ces démonstrations. Le gouvernement israélien d’extrême-droite, qui n’est pas à une contradiction près, avait fait la même demande à la Belgique.
Suite à ces appels, aucune mesure n’a été prise par quelque autorité belge que ce soit
Les rues d’Alost ont donc vu défiler ce dimanche 23 février de nouvelles caricatures antisémites et négrophobes mais aussi une caricature représentant une personne asiatique. On a pu apercevoir des personnes déguisées une moitié comme des juifs religieux et l’autre moitié comme des insectes (Une référence à une caricature nazie représentant une “invasion juive”) et une représentation de l’UNESCO avec des nez crochus (un sous-entendu tout en subtilité selon lequel l’UNESCO serait “contrôlée par des jui.f.ve.s à nez crochu”), …
Au lendemain de ce défilé raciste, UNIA n’en démord pas et appelle toujours au dialogue mais considère qu’il est trop tôt pour dire si tout cela “peut donner lieu à des poursuites sur le plan juridique”
Alors si les déclarations larmoyantes des libéraux, les cris d’orfraie de certaines organisations juives plus que complaisantes envers d’autres racismes, les commentaires insipides de la presse et les contorsions d’UNIA ne servent effectivement à rien, il est temps de changer d’approche dans cette bataille.
Lutter et ne rien céder au racisme
Nous ne pouvons compter que sur notre force pour lutter efficacement contre le racisme. Ni les institutions, ni le système juridique, ni les dirigeant.e.s politiques, ni les “médiations” n’ont changé ni ne changeront quoi que ce soit. Ils font partie du problème, pas des solutions. La situation s’est, au contraire, empirée et les organisateurs du défilé raciste ont gagné en confiance en allant plus loin dans la provocation. L’interdiction pure et simple est une tentation dangereuse, car elle peut renforcer, dans certaines couches de la population, l’idée que certaines minorités imposent le silence. Nombre d’antisémites et complotistes belges et étrangers jouent déjà sur ce mythe. Ces discours doivent être combattus et délégitimés sur le terrain, dans les écoles, dans les quartiers, dans les entreprises, par les organisations du mouvement syndical et/ou antiraciste, et par la mobilisation.
C’est à nous de nous organiser pour traduire dans les actes notre slogan : “Pas de fachos dans nos quartiers et pas de quartier pour les fachos !” Soyons présent.e.s partout où le racisme s’exprime pour l’empêcher de se développer. Prenons la rue et combattons tous les racismes où qu’ils s’expriment.
Organisons-nous pour faire pression sur la commune d’Alost et dans toutes les communes qui tolèrent des démonstrations racistes ou coloniales. Renforçons les collectifs qui luttent au quotidien contre le racisme et le fascisme. Avec la Gauche anticapitaliste, nous contribuons à la construction de la Coalition Stand Up (qui avait rassemblé 7000 personnes en mai dernier contre l’extrême-droite, le racisme et le fascisme).
Soyons présent.e.s massivement pour répondre dans la rue avec un tout autre message que les caricatures répugnantes d’Alost et d’ailleurs, ce samedi 21 mars à 13h30 Gare de Bruxelles-Nord à l’occasion de la journée internationale contre le racisme.
Contre tous les racismes, unité des classes populaires !
- 1. Pratique qui consiste à se grimer en noir de manière à caricaturer les personnes noires comme à l’époque coloniale.
- 2. Liste du Vlaams Belang lors des dernières élections communales.
- 3. https://parismatch.be/ac…]. Le lien entre ces caricatures abjectes et la propagande nazie sautait aux yeux.
L’indignation : et après
Malgré les nombreuses réactions scandalisées et la condamnation du défilé raciste par l’UNESCO
https://www.sudinfo.be/i…], UNIA Service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances.