Les « jungles », comme ils disent, ce n’est pas qu’à Calais... Ainsi à Bourg-en-Bresse, depuis deux décennies, les organisations qui soutiennent les luttes des immigréEs, demandeurEs d’asile, sans-papiers, sont confrontées aux difficultés d’hébergement que rencontrent ces damnés de la terre.
Par le passé, les réquisitions de logements vides ont souvent permis de pallier les défaillances orchestrées par l’État et les collectivités. Mais les temps changent et la moindre tentative d’occupation d’un lieu, fût-il voué à la démolition, est désormais lourdement sanctionnée : arrestation des militants, fichages, prises d’empreintes, etc.
Sans solutions, environ 150 personnes, dont de nombreux enfants, ont trouvé refuge dans des hangars sur un terrain appartenant à la communauté « Emmaüs », laquelle s’efforce avec le collectif de soutien aux migrants1 d’organiser un semblant d’accueil.
Mais les perspectives ne sont pas bonnes. Le danger physique est réel car pour se chauffer, les occupantEs allument des feux à même le sol ou utilisent des poêles défectueux qui diffusent leurs fumées nauséabondes. Il n’y a pas d’électricité et les points d’eau sont rares. Les pompiers sont déjà intervenus pour conduire des personnes intoxiquées à l’hôpital. Les flics ont effectué des contrôles sur place.
Pression d’État ou solidarité élémentaire ?
Les consignes données par l’État sont sans équivoque : menace financière sur les directeurs de CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile) pour qu’ils mettent fin aux séjours des déboutés afin de libérer des places pour les nouveaux arrivants, insistance auprès des préfets pour qu’ils rendent effectives les reconduites à la frontière...
Seule lueur d’espoir, la solidarité élémentaire – organisée principalement par les milieux chrétiens, le PCF et le NPA – ne se dément pas : une association, « Cent pour un toit » vient de se créer. Une centaine de personnes ont accepté le versement mensuel d’une somme d’argent destinée à la location d’appartements qui seront ensuite mis à disposition des immigréEs.
Les contacts avec la mairie ne sont pas rompus, et la collectivité accepte de prendre en charge les frais d’eau.
Une manifestation s’est déroulée ce samedi 22 octobre. Quelque cinquante personnes, dont des familles de demandeurs d’asile, y ont participé. Soit un peu plus que d’habitude. On continue...
Correspondant
- 1. Collectif solidarité migrants : RESF01, Ligue des droits de l’homme, Cimade, Comité de vigilance, Emmaüs, Attac, Small Axes, Union syndicale Solidaire, CGT Educ’Action, FSU, SNUipp, NPA, PCF, Ensemble !, PG, CLA, Citoyen(ne)s.