Publié le Lundi 3 novembre 2014 à 10h30.

Bourg-en-Bresse (01) : une errance sans fin

En juillet, une cinquantaine de demandeurs d’asile étaient expulsés de l’immeuble qu’ils occupaient depuis un an, avec le soutien d’un collectif (voir l’Anticapitaliste n°249 et 253). Après une nuit passée dans les locaux du diocèse, une autre dans un square... face à la préfecture, la mairie a fini par accepter qu’ils s’installent provisoirement au camping municipal.

Pourtant, le discours du maire ne varie pas : il demande à l’État d’appliquer les mesures de reconduite à la frontière pour les « déboutés » afin de libérer les places nécessaires à l’accueil des « primo-arrivants »...  Mais le préfet ne l’entend pas ainsi. S’il est favorable aux expulsions, il s’exonère de l’obligation légale de fournir un logement décent à toutes ces personnes, même lorsqu’elles ont épuisé les recours légaux. D’où une situation de blocage.Depuis plus de deux mois, les migrants survivent dans des tentes, exposés aux intempéries. Après une ultime tentative de négociation avec les autorités, le Collectif a réquisitionné une maison spacieuse, vacante depuis dix ans et promise à la démolition. Presque immédiatement, les voisins ont appelé la police qui a fait évacuer le lieu. Après un retour au camping et une nuit passée sur des matelas trempés, les migrantEs se sont réappropriés les bâtiments grâce à la complaisance des autorités.

Double jeu...Dans ce petit monde cynique et hypocrite, les autorités sont ravies des actions du Collectif qui soustraient les demandeurs d’asile à la vindicte d’une population de plus en plus ouvertement agressive et xénophobe. Elles sont aussi enchantées de leur prise en charge matérielle et morale par des militantEs exténués... tout en espérant secrètement que ceux-ci finissent par se lasser.Mais la « bienveillance » et la patience des pouvoirs publics s’expliquent aussi par le fragile rapport de forces maintenu sur la ville depuis des décennies par un collectif né avec la « Marche des beurs » de 1983.Côté cour, le maire PS, un proche de Valls réélu dès le premier tour, donne des gages à son électorat et épouse la politique du gouvernement en matière d’immigration. Côté jardin, il applique celle-ci avec mansuétude pour ne pas fâcher les milieux humanistes et chrétiens qui le soutiennent encore.Dans ce désert, les militantEs du NPA continuent à réclamer la libre circulation, le droit à l’installation, et la régularisation pour tous les migrantEs.

CorrespondantEs