Publié le Lundi 22 septembre 2014 à 08h00.

Calais : laboratoire fasciste

Les gouvernements se suivent... et se ressemblent. À Calais comme ailleurs, les migrantEs sont particulièrement bien placés pour le savoir.

C’est en novembre 2002 que Sarkozy, ministre de l’Intérieur ordonne le démantèlement du centre d’hébergement de Sangatte. Depuis, que la police agisse au nom d’un gouvernement s’intitulant « de gauche » ou assumé de droite, la traque des réfugiéEs qui affluent dans le Calaisis pour tenter de passer en Angleterre perdure. Sans revenir sur les multiples épisodes qui, au cours de la dernière décennie, en illustrent la cruauté, on s’arrêtera sur la date du 2 juillet dernier à laquelle une énième rafle en bonne et due forme aboutit à priver plus de 600 personnes de leur lieu de vie.Et c’est dans ce contexte que le 28 juillet dernier, une militante associative est agressée, traitée au passage de « pute à migrants », et n’échappe à une tentative d’enlèvement que grâce à l’intervention de passants.

Les fachos paradentLe climat de violence est, de fait, de plus en plus exacerbé, aggravé par la sénatrice et maire UMP Natacha Bouchart qui, en pleine campagne électorale, lance sur sa page Facebook un appel à la délation. Cet appel trouve son point d’orgue dans l’entrée en scène d’un groupuscule « Sauvons Calais » dont le très jeune leader, photographié avec une croix gammée sur le torse, explique à la Voix du Nord qu’il s’agit d’« une photo privée » et que cela n’a rien à voir avec ce qu’on imagine. Les gens ont vraiment mauvais esprit !« Sauvons Calais » est reçu en sous-préfecture et en mairie – contrairement à « No Border » accusé d’être en cheville avec les passeurs – et la police ne réagit pas quand, une semaine durant en février, les membres et sympathisants du groupuscule lancent pierres et cocktails Molotov contre un bâtiment vide occupé par des migrantEs, et profèrent des menaces de viol et de mort.Le 5 septembre, en prélude à une manifestation d’extrême droite qui se déroulait deux jours plus tard, une lycéenne engagée dans le soutien aux exilés reçoit, coups à l’appui, cet avertissement : « si je te vois dimanche, je te flingue »... Ce jour-là, le rassemblement d’extrême droite est autorisé par la sous-préfecture... qui n’a que demandé son déplacement devant l’Hôtel de Ville ! Sur fond de saluts nazis, on y entendra des appels haineux à la chasse aux « traîtres ». Sur cette terre de conquête, le FN reste en embuscade.Seule consolation : la résistance ne faiblit pas 1. Il nous incombe de les soutenir activement.

François Brun1 – Voir notamment l’excellent site http://passeursdhospitalites.wordpress.com