À l’appel du mouvement « Stand up to racism », en bateau, en voiture, en cars ou en vans, 500 militantEs antiracistes venus de toute l’Angleterre s’étaient donné rendez-vous samedi 17 octobre à Calais pour manifester leur solidarité avec les migrantEs de la « jungle »
La mobilisation des antiracistes anglais envers les migrants ne faiblit pas. Le 12 septembre dernier, le mouvement « Stand up to racism » avait réuni plus de 50 000 manifestantEs à Londres, manifestation à laquelle participait le nouveau secrétaire du Parti travailliste Jeremy Corbyn, pour exiger l’ouverture des frontières, l’accueil des réfugiés et le droit d’installation.
C’est maintenant sur chaque bout du tunnel que se focalise leur mobilisation. Ainsi, ce samedi, deux manifestations étaient organisées simultanément : à la gare de Saint-Pancras, un die-in géant regroupant plus de 500 personnes bloquait l’Eurostar pendant quelques heures. À la même heure, un millier de manifestantEs – dont une majorité d’habitantEs de la « jungle » brandissant des sucettes « refugees welcome » – rejoignaient le terminal de ferries pour le bloquer : « la frontière, c’est ici, on reste ici ! ». Après un face à face tendu avec la police, le blocage a été levé, et des prises de parole ont terminé cette initiative. Le fruit de collectes organisées en Angleterre ont été remis à deux organisations humanitaires actives sur le site (le Secours catholique et l’Auberge des migrants).
Une situation dramatique
« Ce que j’ai vu ici m’a semblé pire que les camps de Bangui ou d’ailleurs en Afrique, où l’humanitaire arrive bien plus vite »... Ce témoignage d’une infirmière de Médecins sans frontières illustre bien le désinvestissement des pouvoirs publics qui, pour éviter un prétendu « appel d’air », laissent pourrir la situation, laissant les migrantEs à leur sort. Le seul investissement de l’État à Calais se résume à la pause de 17 kilomètres de hautes grilles surmontées de barbelés agrémentés de lames de rasoir, occasionnant de nombreuses blessures. Et 19 migrantEs ont trouvé la mort depuis le début du mois de juin, en tentant de traverser l’autoroute ou de monter dans l’Eurostar...
Véritable ville, la « jungle de Calais » compte aujourd’hui près de 7 000 habitantEs qui survivent dans un cloaque indescriptible. Face à cette situation catastrophique qui va encore se dégrader cet hiver, la préfecture du Pas-de-Calais annonce des mesures dérisoires : la construction d’un toit pour abriter les files d’attente lors des distributions de repas, et la livraison de « 125 containers pouvant accueillir 12 personnes chacun qui seront installés dans une zone sécurisée », soit 1 500 sur les 7 000 qui, de plus, seront contrôlés en permanence par la police.
La gauche de la gauche et le mouvement antiraciste face à leurs responsabilités
À l’extrême droite, deux structures se disputent le marché de la peur sur Calais : « Les Calaisiens en colère » qui se prétendent apolitiques et « Sauvons Calais » qui intitule sobrement sa page facebook « la vie d’un cafard vaut plus que l’avis d’un no-border »... Les provocations et les violences contre les migrantEs se multiplient autour du camp et dans la ville, dans l’indifférence policière la plus totale. Des manifestations racistes ont eu lieu, et d’autres sont prévues pour novembre...
On ne peut plus attendre ! Face à un désastre humanitaire sans précédent, les partis politiques et associations doivent considérablement hausser le ton et le niveau de mobilisation. Le NPA était la seule organisation française présente à la manifestation de samedi dernier ! Et alors que des manifestations de dizaines de milliers de personnes se sont déjà tenues à Londres ou à Copenhague, la manifestation parisienne du 4 octobre dernier n’en a péniblement réuni que 4 000... Il y a urgence à élargir la mobilisation.
Alain Pojolat