Plus de 1 000 CRS supplémentaires vont être mobilisés pour détruire totalement le campement de 10 000 migrantEs à Calais à partir du 17 octobre. C’est maintenant qu’il faut agir pour empêcher la catastrophe. Pour les migrantEs, pour Calais et pour notre avenir à toutes et tous.
Rappelons que c’est ce même gouvernement qui, il y a deux ans, a poussé les migrantEs à s’installer dans ce lieu insalubre en périphérie de la ville et sur le bord de la rocade, après les avoir expulsés par la force des campements et lieux occupés dans Calais.
Les conséquences de ce « démantèlement » seront dramatiques. Le terme de « jungle » prendra alors toute sa signification. Car cette fois les migrantEs qui veulent aller en Angleterre n’auront aucun endroit, même pas le plus insalubre, pour se regrouper, s’organiser, être soutenus par des personnes solidaires et des associations, malgré la pression policière. Isolés, forcés de se cacher, ils et elles seront d’autant plus la proie de passeurs, de la chasse et de la violence policière, du racisme... Ils et elles seront d’autant plus prêts aux moyens les plus désespérés pour tenter de franchir la frontière vers l’Angleterre.
Ce lundi 10 octobre, le Secours catholique a dénoncé « une opération sécuritaire qui n’a d’humanitaire que le nom ». L’Auberge des migrants déclare que cela « nous ramène à la situation d’après Sangatte où nous retrouvions des gens dans les fossés ou les jardins, essayant de se cacher ». Rassurons Bernard Cazeneuve, ces associations ne sont pas d’ultra-gauche, terme qu’il a utilisé pour désigner les membres de la CISPM, de Solidaires ou du NPA le 1er octobre dernier. C’est simplement lui-même qui évolue vers l’ultra-droite... Et c’est tout l’avenir de notre société qui se joue un peu plus encore à Calais, tandis que le FN multiplie les manifestations sur cette question dans toute la France.
De l’invisibilisation aux expulsions
Il n’y aura pas d’alternative aux campements et lieux occupés par les migrantEs tant qu’ils et elles ne pourront pas passer librement les frontières et s’installer dans le pays de leur choix. Or la politique de destruction des campements sert un objectif totalement opposé : celui d’invisibiliser les migrantEs, de les désespérer et d’en expulser le plus possible. Ces dernières semaines, Bernard Cazeneuve a multiplié les communiqués sur les « vols groupés » expulsant des réfugiéEs de Calais : plus de 1 500 depuis janvier. À Vintimille, ce lundi, Médecins du Monde a averti : « Nous voulons alerter l’opinion publique avant que Vintimille ne devienne pour les Italiens et les exilés un autre Calais », exigeant l’ouverture de la frontière française.
La question qui nous est posée est donc concrète : aidons-nous les migrantEs à défendre ces campements et lieux occupés, pour en faire des lieux où se construit la lutte collective pour leurs droits et où se tissent les liens de solidarité ? Participant ainsi à la bataille contre les nationalismes et les racismes, contre la restriction de nos libertés. De la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est monté un appel en ce sens lors de la mobilisation du 8 octobre. Il devra aussi rebondir à Amiens, aux côtés des Goodyear et de tous ceux et celles qui luttent contre la répression et les violences policières.
Denis Godard