En quelques jours, près de 1 500 migrantEs résidant dans la « jungle de Calais », manipulés comme des objets, ont été dispersés dans toute la France, par avions privés, par bus et par trains. Le fameux plan Cazeneuve, qui devait allier « humanité et fermeté », se révèle n’être qu’une basse opération de police parfaitement illégale traitée à une échelle de masse.
À un mois des élections régionales qui promettent d’être calamiteuses pour le gouvernement PS, le ministre de l’Intérieur ne pouvait faire moins qu’afficher sa « détermination à régler rapidement » le scandale humanitaire que représente la « jungle de Calais ». Comme il fallait s’y attendre, c’est par la répression, la dissuasion et l’invisibilisation des migrantEs, qu’il prétend y arriver.
Remplir les centres
Faire du chiffre semble être la seule préoccupation des autorités. À grand renfort de flics en tout genre postés à l’entrée du tunnel, le nombre d’intrusions en un mois serait passé de 1 000 à 300 par nuit. 600 personnes ont été conduites dans les centres de rétention administrative (CRA) de façon parfaitement illégale. Les migrantEs fuyant les zones de guerre ne pouvant être expulsés vers leur pays d’origine, les juges des libertés ordonnent le plus souvent leur libération.
Loin d’être dissuasifs comme l’aurait souhaité le gouvernement, ces éloignements n’empêchent nullement les migrantEs de parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour tenter le passage vers l’Angleterre. Les centres d’hébergement quant à eux ne s’engagent que sur un séjour maximum de deux mois. D’inégal accueil, certains sont des taudis, d’autres de vraies prisons contrôlées par des vigiles, cela sans qu’aucune aide ne soit apportée pour effectuer les démarches administratives en vue d’une régularisation. Les résidents n’en peuvent plus et certains recourent à des grèves de la faim pour protester.
Police partout !
Mais ces mesures d’éloignement ne suffisent pas au pouvoir. Il envoie régulièrement ses chiens pour terroriser toute la population, comme cela fut encore le cas dans la nuit du 3 au 4 novembre où une pluie de grenades lacrymogènes s’est abattue sur la « jungle » pendant plus de deux heures, occasionnant des débuts d’incendie des tentes.
La situation sanitaire sur place est tellement dégradée que Médecins du monde, avec le soutien de la CIMADE et de la LDH, a déposé une plainte pour maltraitance devant le tribunal administratif de Lille. Ce dernier a donné raison aux associations, et enjoint les pouvoirs publics de mettre en œuvre d’urgence des mesures d’hygiène élémentaires.
Les fascistes à l’offensive
Les agressions contre les migrantEs se multiplient. Triel (78), Nantes (44), Paris, et Calais. La préfecture a scandaleusement autorisé à Calais une manifestation du mouvement islamophobe et raciste Pegida. Encadrés par les identitaires de Lille, les quelques dizaines de manifestants ont déversé pendant deux heures dans le centre de Calais des propos racistes, s’en prenant aux passants qui exprimaient leur désaccord : « ta gueule, sale négresse ! », « bougnoule ! »...
Des propos extrémistes minoritaires ? Pas si sûr, les digues sont rompues et une Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen peut déclarer : « Que les migrants retournent en Musulmanie »...
Préparer la riposte
Gouvernement, flics et fachos, mettent directement en danger la vie des migrants. Le rapport de forces est pour l’instant loin d’être à la hauteur de nos responsabilités. Les anticapitalistes préparent activement la manifestation unitaire du dimanche 22 novembre afin d’en faire un succès qui permettrait de pouvoir envisager une initiative de rue à Calais même... Une nécessité.
Alain Pojolat