Publié le Mercredi 11 juillet 2018 à 13h45.

Calais : une manifestation pour l’ouverture des frontières qui laisse la rage au ventre

La marche solidaire, partie le 30 avril de Vintimille, a effectué sa dernière étape sur le territoire français le 7 juillet dernier. Cette étape, de Gravelines à Calais, était forte en symboles puisqu’elle passait par le site de l’ancienne jungle, des campements de migrantEs cherchant à atteindre Londres et devant la frontière entre la France et la Grande-Bretagne. 

Cette manifestation, qui a rassemblé un millier de personnes malgré un soleil de plomb, a été festive et dynamique. De plus, le travail des collectifs de sans-papiers franciliens au sein de la marche depuis son passage à Paris a rendu la manifestation plus offensive et politique. La très faible présence des migrantEs calaisiens nous rappelait les conséquences désastreuses du démantèlement brutal de la « Jungle » de Calais qui a affaibli tous les réseaux de luttes sur le secteur. 

17 interpellations

Malgré la bonne ambiance générale, difficile de ne pas revenir la rage au ventre. La zone frontalière est devenue un vaste complexe de grillages et de barbelés, parsemé de camps de fortune où les migrantEs, dans des conditions d’hygiène et de sécurité désastreuses, se cachent dans l’espoir de pouvoir partir vers Londres. Devant le grillage de 4 mètres de haut matérialisant la frontière, le rapport de forces n’étant pas suffisant, le cortège a dû se contenter d’une action symbolique sans inquiéter le dispositif militaire sécurisant la frontière au détriment de vies humaines. 

Le lendemain (dimanche 8 -juillet), alors que la manifestation composée de marcheurEs avec et sans papiers était autorisée à se rendre jusqu’à Londres, le gouvernement, dans un acte qui rappelle son ignominie, a fait procéder à l’arrestation des 17 marcheurEs sans-papiers militantEs de plusieurs collectifs de la région parisienne, dont la CSP 75, au moment du passage de la frontière. Sur les 17 personnes arrêtées à 7 heures du matin, 12 ont été libérées dans l’après-midi suite à des rassemblements à Paris et à Calais. Cinq ont été transférées en centre de rétention administrative (CRA). Or, puisque du fait de la politique migratoire macabre de l’État, les CRA débordent, parmi les cinq camarades, trois ont été transféréEs aux CRAs de Lille et de Rouen, les deux autres restant à Calais. 

Délit de manifestation

Alors que la préfecture disposait de l’identité de nos camarades sans-papiers et que la manifestation était autorisée, l’État, par cet acte, a souhaité rappeler, comme il le fait de plus en plus régulièrement, que celles et ceux qui luttent s’exposent à l’arbitraire des forces de l’ordre. Pire, il a été reproché aux camarades emprisonnés d’avoir manifesté ! Le message de l’État est clair : lutter est devenu un crime pour les sans-papiers. 

Le gouvernement rappelle également, par ces arrestations, sa volonté de renforcer les frontières, quitte à rendre de plus en plus vulnérables celles et ceux qui souhaitent s’installer en France pour fuir la misère et la guerre engendrées par le colonialisme et l’impérialisme. Face à cet État raciste, répressif et autoritaire, qui n’hésite pas à tuer aux frontières, à maintenir des individus dans des conditions de vie inhumaines et à renvoyer des hommes et des femmes dans des pays qu’ils ont pourtant fuis au péril de leur vie, il devient urgent de créer un véritable rapport de forces. L’État s’exerce sur les migrantEs et les quartiers avant d’étendre ces pratiques à l’ensemble de la population. Si nous ne réagissons pas, demain les centres de rétention, prisons extra-légales, seront bientôt la norme comme l’état d’urgence l’est devenu. 

Il est donc essentiel, dans un premier temps, que nous soyons nombreux et nombreuses à nous rassembler, samedi 14 juillet à 14 heures à Paris devant le ministère de l’Intérieur, 18, rue des Pyrénées, pour manifester en direction du CRA de Vincennes contre les centres de rétention et la politique migratoire du gouvernement (voir page 4). 

Hugo et Elisa (Paris 17-18)